Cela fait désormais près de trois mois depuis que la frontière entre le Bénin et le Niger reste fermée. Suite au coup d’État du 26 Yuli 2023., la CEDEAO avait décidé d’imposer des sanctions économiques à Niamey. Don haka, tous les voisins membres de l’organisation et frontaliers devraient fermer leurs frontières, ce qui de fait revenait au Bénin et au Nigeria de s’assurer qu’aucune marchandise ne passe pour ravitailler ce pays entièrement enclavé. Tun daga nan, Malanville qui était vibrante, connaît une autre ambiance.
Des centaines de camions gros-porteurs sont bloqués tout le long de la route inter-état numéro 2 remplis de marchandises censées être convoyées de l’autre côté du fleuve en territoire nigérien. D’après les estimations, il n’y a pas moins de 600 camions ainsi piégés. Désemparés, certains transporteurs ont commencé par décharger les cargaisons et à et à les faire convoyer par pirogues. Mais face à ce mouvement qui prenait de l’ampleur, les putschistes ont renforcé la surveillance du fleuve en vue d’intercepter les passeurs, par crainte que les soldats de la CEDEAO en profitent pour s’infiltrer.
Au lendemain du coup d’État, la communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest a menacé la junte d’une intervention militaire, menace non levée à ce jour. Ce qui explique une sorte de paranoïa du côté de Niamey où les autorités ont même refusé qu’un convoi humanitaire traverse les frontières.
Les premières victimes de ce blocus sont les transporteurs des deux pays. Mais alors pourquoi ne font-ils pas demi-tour pour passer plus à l’ouest par le Burkina Faso, peut-on se demander. Le faire reviendrait trop cher, répond un transporteur. Certains chauffeurs ont fini par abandonner camions et chargements parce que les propriétaires n’arrivent plus à envoyer l’argent pour gérer les besoins quotidiens. Des camions qui revenaient au Bénin sont également bloqués du côté du Niger à Gaya, ville située à seulement 7 km de la frontière.
Mais là-bas, à en croire certains transporteurs, une solution a été trouvée bien que celle-ci soit trop onéreuse. Ceux qui tiennent à voir leurs amions revenir au Bénin passent par le Nigéria dont les frontières sont plus poreuses, moyennant le paiement d’une somme de 350 000 francs Cfa par véhicule.
La route inter-état numéro 2 traverse le Bénin du sud au nord. Elle est aussi la plus utilisée par les gros porteurs, le Niger étant à l’extrémité nord du pays. Également deux ou trois fois par semaine, des centaines de voitures importées et déchargées au port de Cotonou sont acheminées à Niamey par la même route. A ceci s’ajoutent les bus qui transportent les commerçants voyageant de part et d’autre des deux pays. Tout le long de cette voie, le commerce qui s’est développé grâce à ce mouvement est aujourd’hui à l’arrêt.
A gaban wannan yanayin, l’État béninois n’a hélas adopté aucune mesure de compensation ni pour les transporteurs ni pour les autres acteurs économiques. Kara, faut-il pour autant ouvrir la frontière? A hakikanin gaskiya, le Bénin ne saurait prendre unilatéralement la décision de mettre fin au blocus, la fermeture étant une décision commune de la CEDEAO. Menene ƙari, tout laisse croire que de leur côté, les militaires qui se sont emparés du pouvoir à Niamey ne sont pas prêts à laisser un seul camion traverser la frontière pour des raisons évidentes de leur propre sécurité.
Jira, ce sont non seulement les Béninois qui en souffrent mais aussi et surtout les populations nigériennes. Celles-ci, parmi les plus pauvres du monde, manquent déjà de nourriture.
Pierre MATCHAUDO