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Affaire ”Frère Hounvi”: Akwatin Pandora

Après le dossier Bénin-Niger, une crise qui n’a pas encore fini de livrer son lot de suspens, c’est un autre dossier qui secoue la vie sociopolitique du Bénin. L’arrestation de l’activiste Steve Amoussou connu sous le fameux sobriquet ”Frère Hounvi”. Du film de son arrestation à la sortie médiatique de son avocat en passant par les prédictions du fâ, des révélations sont faites chaque jour sur cette affaire, qui semble-t-il va faire beaucoup de bruits au pays. Surtout qu’il est déjà question de ‘’taupes’’ tapis dans les arcanes du pouvoir de la rupture.

Le fameux “Frère Hounvi” n’est plus libre de ses mouvements depuis le 12 Agusta 2024, où il fut interpellé à Lomé, ‘’kidnappé’’ selon ses proches et son avocat maître Aboubacar Baparapé. Ce dernier, lors d’une sortie médiatique a refait la scène de son arrestation dans les rues de Adidogomè, un quartier de Lomé, Capitale togolaise. L’homme, pourfendeur du régime Talon, depuis sa base d’exile. Tout allait bien pour le jeune activiste politique. Il venait de passer une journée d’exil comme tous les autres depuis qu’il a décidé de prendre le maquis pour être une voix critique de dénonciation de ce qu’il considère comme les frasques du pouvoir. Il était loin de s’imaginer qu’il ne pourra plus produire ses chroniques tant appréciées du côté de Cotonou. Il sonnait environ 22 heures de Lomé, 23 heures à Cotonou, quand des hommes se saisissent de lui.
« Alors qu’il venait de prendre son repas de la soirée, Steve Amoussou alias Hounvi qui était sorti de sa maison, acheter un article auprès d’une dame en face de son domicile sera interpellé par quatre individus qui, sans déclarer leurs identités, vont procéder à son kidnapping. » rapporte son avocat, Me Aboubakar Baparapé au micro de nos confrères de Bip radio. Les efforts du voisinage pour faire échec sont vains. « L’homme, peut-être le plus recherché des activistes politiques opposés au régime de Patrice Talon, est embarqué dans un véhicule noir parti à toute allure. De Lomé, destination Cotonou. Les ravisseurs auraient réussi à tromper la vigilance des forces de sécurité togolaise en passant par voies détournées jusqu’à la frontière bénino-togolaise de Hilacondji. Déjà encagoulé, “Frère Hounvi” aurait été couvert de pagne lors des passages discrets par des check-points » renseigne l’homme qui par ailleurs est le président de l’Organisation pour la défense des droits de l’homme et des peuples (ODHP). Dès lors plusieurs voix ont commencé par monter au créneau, qui pour dénoncer les conditions de son arrestation, qui pour pousser un ouf de soulagement, estimant « enfin ! Une épine gênante vient d’être extirpée du pied de l’exécutif » vu les troublantes révélations que le fameux frère Hounvi” mettait à topo.

Des pistes indicatives

Depuis son arrestation, il revient avec insistance que le fameux “Frère Hounvi” est nourri à la source. Ses indics sont de proches collaborateurs du Chefs. Selon une exclusivité estampillée “Le Potentiel”, un quotidien béninois, plusieurs cadres du régime Talon le renseigneraient « 2 anciens députés, 3 hauts directeurs lui “fileraient” des infos. Gabaɗaya 13 personnes seraient dans le collimateur des enquêteurs ». D’après la même source « ces hauts directeurs auraient même fourni des informations tendancieuses qui ont alimenté plusieurs chroniques de l’activiste en garde à vue. De même il y a quatre (4) chefs de service des structures clés de l’État qui seraient aussi des points de contact du jeune activiste. Dans le même registre, deux personnalités auraient utilisé des numéros enregistrés au nom de tierces personnes pour fournir des renseignements au chroniqueur Frère Hounvi ». ‘’Frère Hounvi” n’était pas un extra-terrestre. Finalement, c’est ce que l’on a compris au lendemain de son arrestation. Il n’est non plus un gecko qui s’introduit dans les bureaux des membres du gouvernement. Mais Steve Amoussou est devenu ce lézard qui se glisse habillement dans les murs du Palais de la Marina et même dans tous les couvents de la rupture ni la mouche qui s’assied à la même table que les décideurs du pouvoir en place. Les architectes coupables des fissures des murs, risquent gros, le lézard étant désormais en cage. A en croire plusieurs sources, d’autres mains seront menottées et des personnes conduites devant les juges de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) pour certainement répondre de fuite d’information sensible. L’ex-député et ancien ministre, Valentin A Djènontin en a fait les frais par le passé. En novembre 2019, l’ancien collaborateur de Thomas Boni Yayi, est condamné à deux ans de prison ferme avec mandat d’arrêt et deux millions de francs CFA d’amende pour « vol et diffusion de documents administratifs ». Valentin A Djènontin dénonce un acharnement et une justice politique. Il vit en exil depuis cette affaire.

Entre Raison et Passion, les réactions s’enchainent…

L’alerte de l’arrestation du Frère Hounvi” est donné par Martin Rodriguez, un homme d’affaires, longtemps opposé à l’actuel Chef de l’État béninois. Puis, ses amis et acolytes ont pris le relais. Seulement que dans l’autre sens, les répliques ont commencé par fuser. L’ancien journaliste de l’Ortb devenu Srtb, Déo-gratias Kindoho a, A nata bangaren, fait le procès du gouvernement de Patrice Talon. Il a rappelé notamment les circonstances d’arrestations de certaines personnalités politiques au Bénin. Il a particulièrement évoqué les cas de Joël Aïvo et Reckya Madougou. Il fait savoir qu’il n’était surpris véritablement de ce qui arrive. De son côté, Richard Ouorou a demandé aux autorités de faire preuve de clarté. « Suite à l’arrestation supposée de notre compatriote et activiste, frère Hounvi, je souhaite m’adresser à vous en ces moments de grande émotion. Il est essentiel de rappeler que dans une démocratie véritable, la transparence et le respect des droits de chacun sont primordiaux » a écrit Richard Boni Ouorou. Dans une autre publication, « il a fait le parallèle entre la situation de Steve Amoussou et celle dénoncée récemment par l’opposant béninois Appolinaire Avognon. Ce dernier déclarait avoir manqué de justesse une arrestation » rapporte La Nouvelle Tribune. De l’indignation à un appel aux forces de l’opposition à s’unir, Le Mouvement Populaire de Libération (MPL) s’est aussitôt fendu d’une déclaration pour se positionner sur cette affaire qui défraie la chronique comme les truculentes envolée verbales du ‘’Frère Hounvi’’. « Le Mouvement Populaire de Libération (MPL) exprime sa profonde stupéfaction et son indignation suite à l’arrestation de l’activiste politique connu sous le nom de frère Hounvi. « Nous condamnons fermement cette interpellation qui soulève des inquiétudes quant au respect des droits fondamentaux de la personne humaine » lit-on dans cette déclaration signée du Président du Mpl. « Les forces de l’opposition doivent respecter en toute responsabilité l’engagement et la promesse faite de rétablir la vitalité de notre démocratie, arrêter l’exclusion source de violences post électorales, obtenir la relecture des lois crisogènes, qui semble-t-il sont toujours inscrite au chapitre report du calendes grecques. » lance Expérience A. Tèbè. Appel suivi par “Les Démocrates”, unique parti d’opposition représenté à l’Assemblée nationale du Bénin. Dénonciation, indignation, réprobation et crainte. C’est ce qui ressort de leur déclaration de presse du parti rendue public mardi 13 Agusta 2024 par Guy Dossou Mitokpè, secrétaire national à la communication du parti. Qualifiant l’arrestation du chroniqueur et activiste “Frère Hounvi” “d’enlèvement”, le parti “Les Démocrates” dit condamner avec la plus grande fermeté cette arrestation et pointe du doigt la responsabilité du gouvernement béninois pour ce qu’il qualifie « d’acte d’une grande infamie ». Pour le parti de l’opposition, cet acte « ressemble à une manœuvre de répression orchestrée ». La formation politique exige du président Patrice Talon une « clarification immédiate sur les circonstances » de l’interpellation de l’activiste » et promet « faire toute la lumière sur cette affaire et assurer la protection de nos concitoyens engagés dans la lutte pour la démocratie et l’État de droit », a déclaré Guy Dossou Mitokpè, secrétaire national à la communication du parti.

Quid de la réaction des proches du pouvoir

Loth Houénou, ex-opposant devenu mouvancier depuis quelques temps n’a pas hésité à donner des leçons à l’infortuné ‘Frère Hounvi’’ et ses soutiens. « Moi j’ai pitié de ce garçon. Il ferait mieux de demander pardon au Chef. Car c’est Dieu qui établit les chefs » enseigne Loth Houénou, verset biblique à l’appui, dans un audio sur les réseaux sociaux. Rappelant son cas, Loth Houénou mentionne les conditions des peu enviables des prisons et invite l’activiste à faire amande honorable afin de recouvrer sa liberté le plutôt possible. Il relève même que Guy Mitokpè, secrétaire national à la communication du Parti d’opposition pourrait être interpellé pour apporter des clarifications sur certaines allégations du mis en cause ‘’Frère Hounvi’’ vu que ce dernier utilisait un sobriquet pour injurier l’autorité du Bénin qu’est le président de la République. De façon officielle, l’exécutif s’est déjà prononcé, du moins par la voix de son Porte-parole. Lors d’une récente sortie médiatique, le porte-parole du gouvernement, a donné son point de vue sur l’activisme du chroniqueur, avant même son arrestation. Lallai, Wilfried Léandre Houngbédis’est prononcé sur divers sujets de l’actualité avec les professionnels des médias, Juma'a 9 Agusta 2024. Yayin wannan taron, en ligne, il a exprimé toute son admiration pour Steve Amoussou alias ‘’ Frère Hounvi.’’ « J’aime sa plume, je trouve qu’il a de la qualité » a-t-il déclaré avant de déplorer le contenu de ses chroniques. « Je l’applaudirai des pieds et des mains si, malheureusement, sa plume ne trempait pas dans l’encre de la calomnie et de la médisance, souvent pour faire sensation, pour faire le buzz », explique Wilfried Léandre Houngbédi, dans des propos rapportés par La Météo. Le baisé de Judas disent certains puisque quelques jours plus tard, l’activiste sera mis sous éteignoir.

Réaction d’un averti

Dans le lot des réactions, on note celle de Appolinaire Akoutodji diplômé de l’École nationale d’administration et de la magistrature du Bénin et de la Faculté de droits et sciences politiques d’Abomey-calavi. Il a fait une vidéo dans laquelle il y est allé de ses explications sur les contours juridiques et législatifs de l’interpellation du célèbre chroniqueur ‘’Frère Hounvi’’sur le territoire togolais par des supposés ‘’infiltrés’’. À ceux qui jugent illégale l’opération de l’arrestation du ‘’Frère Hounvi’’, Apollinaire Akoutodji les invite à consulter la loi 2016-021 na 24 Agusta 2016 portant statut des réfugiés au Togo et la loi 2022-31 na 20 Disamba 2022 qui fixe les conditions d’obtention du statut de réfugié au Bénin. Outre ces deux textes cités, le spécialiste convie également à fouiller la convention de Genève du 28 Yuli 1951. Cette loi, indique-t-il, fait mention en son article 2, des devoirs et des obligations de quelqu’un qui a le statut de réfugié. « Quand vous prenez l’article 4 de la loi 2022-21 na 22 Disamba 2022 portant statut du réfugié au Bénin, l’article 4 précise que vous n’avez pas le droit de statut de réfugié et vous ne pouvez pas vous réclamer réfugiés même si vous avez la carte de réfugié si vous êtes poursuivi pour des faits criminels ou pénaux ou si vous êtes convaincus que des procédures sont contre vous pour des faits que vous avez commis », a-t-il détaillé.

Qui est le “Frère Hounvi” ?

La légende raconte qu’il s’appelle Steve Amoussou, journaliste de métier, bon il fut et le demeure pourquoi pas, car journaliste un jour, journaliste pour toujours dit-on. Quoique, l’homme reste toujours accroché à la plume, au papier et au micro avec comme ligne éditoriale : révéler les affaires qui gênent le gouvernement de la rupture. Il détient des dossiers très sensibles de l’Etat comme les fumants plats de pâte de maïs cuisinés par Madame Talon. Chose curieuse, avant même que le Chef n’en sente l’odeur, le “Frère Hounvi” tel un mur a ses oreilles partout et même ses yeux partout. C’est lui qui informe de tout. Membre de la cellule de communication de Sébastien Adjavon, candidat malheureux à la présidentielle de 2016, exilé depuis, le ”Frère Hounvi” est passé maître dans l’art des révélations presque suicidaires. Conscient certainement des risques qu’il court, il a dû quitter le Bénin pour chercher asile au Togo, pays voisin de l’ouest du Bénin. C’est seulement sans compter avec la détermination des forces de l’ordre qui ont pu le localiser pour le ramener au bercail de gré ou de force le lundi 12 Agusta 2024. Bayan haka, la justesse et la précision de certaines de ses informations laissaient pantois, que beaucoup se demandaient, comment faisait-il ? D’où ou de qui tenait-il ses croustillantes cacahouètes d’informations de couvent ?

Quand la métaphysique s’y mêle
C’est la totale dans cette affaire. Une publication du journaliste Adoukonou vient ajouter son lot de considération dans le dossier et parle de réalisation d’une prophétie du vrai Hounsi Dakpè Sossou suite aux Vodun days, shida (06) mois après l’organisation du festival consacré à cet effet. On y lit « Les Béninois se rappellent encore de notre éditorial du 24 Janairu 2024 dans lequel on analysait la réplique vigoureuse du vice-président honoraire de l’Assemblée Nationale, le député Dakpè Sossou, garant de la tradition, qui interdit avec fermeté au non initié (ahé) Steve Amoussou alias “Frère Hounvi” de ne point traîner la réputation de nos vodoun et du grand gala à eux offert, les “vodun days”, dans la boue ; et prophétisa. » rappelle-t-il avec enthousiasme avec comme mention « L’arcane TULA-GBÉ, ne saurait être plus pointu dans l’affaire “Frère Hounvi”, sa mise à nu, au grand jour, que lorsqu’il avertit kpédjélécoun de ne pas oser tenter exposer les dessous de la mer sinon ce sont ses racines qui seront dévoilées à la face du monde » pointe Adoukonou, un journaliste aussi actif sur la toile. « L’intervention précipitée et menaçante de l’opérateur économique Matin Rodriguez quelques heures après l’arrestation du personnage fantomatique “frère Hounvi” est tout aussi le prolongement de l’œuvre métaphysique du panthéon vodoun qui révèle l’un des probables employeurs de celui-ci. » conclut-il.
"Yau, Frère Hounvi arrêté au Togo, est gardé à la Brigade économique et financière. Il sera présenté au procureur spécial de la CRIET ce lundi 19 Agusta 2024 » apprend-on.

Arnaud ACAQPO (Col)

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