Ganiou Soglo : «L’exclusion, c’est les germes de la violence »

Plusieurs mois après sa promulgation par le Chef de l’Etat, le nouveau code électoral continue de nourrir les débats. Jeudi 20 juin 2024, la conférence épiscopale du Bénin a dressé une liste de 8 recommandations faites à l’endroit du gouvernement sur le code électoral. En effet, ces recommandations faut-il le rappeler, tournent globalement autour de la nécessité pour les gouvernants de trouver un consensus en vue de l’apaisement des élections futures. Dans cette même veine, l’ancien Ministre Ganiou Soglo s’est de nouveau exprimé sur la question à travers le canal du journal Bénin Intelligent.

Vous venez de prendre part au lancement des Actes du colloque sur le code électoral et la paix sociale. Quelle lecture faites-vous de ce qui vous a été présenté ?

Je tiens à remercier Mgr Houngbédji et tout l’épiscopat de notre pays pour ce colloque. Je crois que c’est très important, ils ont toujours été à l’avant-garde de tout ce qui s’est passé dans notre pays depuis 30 ans. Rappelez-vous que c’est grâce à Mgr de Souza que la conférence nationale de 1990 s’est bien déroulée. Et donc je crois que l’église catholique de notre pays est dans son rôle pour faire de la prévention. J’espère simplement c’est mon souhait le plus cher que nos dirigeants entendront la voix de l’église catholique à laquelle ils appartiennent. Je pense que la voix de la sagesse voudrait qu’ils puissent écouter les recommandations de ce colloque.

Avec votre retour pour ainsi dire sur la scène politique, peut-on espérer de votre part un engagement dans le sens des recommandations de ce colloque ?

Ça fait 30 ans que je fais de la politique au Bénin. Je suis rentré dans les années 90, j’ai été membre fondateur de la Renaissance du Bénin. Mais plus près de nous, j’ai été candidat en 2021. Il est très important. L’exclusion, c’est les germes de la violence. On l’a vu dans certains pays proches de nous. Rappelez-vous des propos du président Alassane Ouattara quand il était dans l’opposition. Où on avait fait un code électoral sur mesure pour l’empêcher d’être candidat. Je suis un homme politique. Rien ne peut m’empêcher demain si je le désire, d’être candidat à l’élection présidentielle. Vous pensez que je ne suis pas capable de gérer ce pays ? Je crois qu’on pourra le gérer mieux que certaines personnes qui sont aujourd’hui au pouvoir, en pensant au peuple béninois.

Avec ce nouveau Code électoral, pensez-vous qu’il sera aisé de vous porter candidat ?

Un code électoral est fait par des hommes. Il peut être défait par d’autres hommes. L’essentiel pour moi qui ai subi une tentative d’assassinat dans mon pays, et qui suis rentré dans mon pays, je ne me laisse pas intimider par qui que ce soit. La paix elle est importante. Penser qu’on est plus fort que d’autres, pour ma part, c’est une gageure. Il faut savoir raison garder et être dans l’humilité, le pardon.

Moi je pense à moi, mais je pense à ceux qui m’entourent. Je ne peux pas être heureux seul, ce n’est pas possible. Dans un pays pauvre comme le nôtre, on doit partager le peu de richesse que nous avons avec l’ensemble de notre population. Et être à l’écoute des plus faibles, des déshérités. Je vous remercie.

Source : Bénin Intelligent