D’Ecureuils à Guépards, la bataille des qualification à l’extérieur va t-elle enfin changer d’issue pour le
Bénin ?
Les plus teigneux y croient toujours. Convaincus à l’extrême. Peut-être par chauvinisme. Les supposés éclairés y mettent moins leur cœur. Beaucoup de tenue et de retenue dans les pronostics.
Et il y a les soldats. Probablement la grande masse. Psychologiquement préparés et armés. Parés à toutes les éventualités.
Pour une troisième fois en trois ans le Bénin va devoir aller chercher une qualification en terre étrangère. Souvent hostile. A croire que les Guépards affectionnent particulièrement les repas épicés, les émotions sur courant alternatif, les routes de l’improbable. Des scenarï les plus hollywoodiens à la théorie du complot, ou en passant par les braquages à coup de penalty arbitralement assisté, le Bénin a subi les pires revers ces trois dernières années. De toute son histoire, c’est une seule fois que la sélection nationale a pu aller décrocher une qualification à l’extérieur. Ce fut en 2007 face à une équipe de Sierra Leone déjà éliminée. Depuis, il y a eu la débâcle de Bamako en 2017 face au Mali, l’arnaque de la Sierra Leone en 2021 et la désillusion de Kinshasa la même année.
Place à Maputo
Au moment d’aller défier le Mozambique à Maputo, les souvenirs malheureux des épisodes précédents traversent forcément l’esprit. Et c’est peut être là aussi que va se décider le sort du match de ce samedi 09 septembre : La capacité des guépards à canaliser leurs émotions et à résister mentalement. Le groupe Benin tient aujourd’hui de jeunes joueurs lancés par le sélectionneur qui a pour vocation ultime de rajeunir l’équipe tout en la maintenant compétitive. Le piège avec les jeunes, le chaud au froid ne tient qu’à un petit moment de déconcentration.
On s’imagine déjà l’enfer dans chaque centimètre carré des 42.000 places du stade national de Maputo. Tout comme le Bénin, les mambas totalisent 4 participations à la CAN (1986, 1996, 1998 et 2010). 13 ans donc que tout un pays attend de goûter à nouveau au miel de la plus merveilleuse des ruches du foot africain. Une campagne nationale, à grand renfort médiatique, a été d’ailleurs initiée pour bâtir le mur rouge face au Bénin. Si proche du but, le Mozambique veut achever le travail à la maison.
Au mental
C’est dire qu’au delà de toute réflexion tactique, de toute considération philosophique, Gernot Willi Rohr doit pouvoir rentrer dans la tête des joueurs et y faire siéger des mots qui résonneront aussi fort que l’attente des béninois. Un speech transcendant pour faire basculer les 25 guépards désignés dans une nouvelle dimension. On mettrait bien volontiers une caméra pour écouter cette causerie de la plus grande importance. Caprices de fan.
Des rencontres de cette nature représentent un baromètre pour identifier la force mentale d’une équipe. C’est cela qui distingue des nations comme le Nigéria, le Cameroun ou encore l’Algérie où la culture du “fighting spirit” (esprit de combativité ) est presque un principe de vie.
En 2019, face au Togo à domicile, pour le compte de la dernière journée des éliminatoires de la CAN, Olivier Verdon tenait un discours avant gardiste : “90 minutes, c’est rien dans une vie”. Le “général mental” prendra t-il encore la parole ? Ses mots transperceront-ils les murs ?
Tempête en vue au large des eaux turquoises de Maputo.
Herman Rodrigue AMEGAN / Reporter, commentateur et présentateur sportif