Fin des poulets morgues au Bénin : L’optimisme de Modeste Dayato

D’après une déclaration du Ministre de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche, Gaston Cossi Dossouhoui, il n’y aura plus de volailles importées au Bénin. Alors que le délai annoncé pour cette interdiction est arrivé à échéance le 31 décembre 2024, l’annonce n’est pas encore entrée en vigueur. Mais à en croire le président de l’Association Nationale des Aviculteurs du Bénin (ANAB-BENIN), plusieurs concertations ont eu lieu entre tous les acteurs et le gouvernement pour l’effectivité de la mesure annoncée affirme Modeste Dayato. Lisez son entretien !!!
Quelle a été votre première réaction suite à l’annonce du Ministre de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche sur l’interdiction d’importer les poulets congelés au Bénin ?
Merci pour l’opportunité que vous m’offrez pour opiner sur ce sujet d’actualité. Avant tout propos, permettez-moi de remercier, le gouvernement de mon pays en l’occurrence son Président Monsieur Patrice Talon et son ministre Monsieur Gaston Dossouhoui pour avoir pris cette courageuse décision. En effet, les acteurs que nous sommes, avions commencé ce plaidoyer pendant des années mais c’est sous la gouvernance du Président Patrice Talon que cette mesure a été annoncée et c’est avec un bel enthousiasme, que nous l’avions accueillie. Depuis cette annonce, l’Association Nationale des Aviculteurs du Bénin s’est mise en ordre de bataille, non seulement elle a entamé une restructuration des acteurs mais aussi doter l’organisation d’une stratégie d’intensification de la production des poulets locaux afin de répondre efficacement à la demande. Nous devons quitter une production extensive pour une aviculture traditionnelle semi-intensive. Voilà !
Quelles sont les dispositions prises pour l’effectivité de cette mesure ?
En termes de dispositions, plusieurs concertations ont eu lieu entre tous les acteurs et le gouvernement pour décider de comment le Bénin se positionne et quels sont les choix à opérer et les maillons qui nécessitent un appui pour que d’ici quelques mois, le Bénin soit définitivement autonome en matière de production de volailles.
En terme clair, on retient quoi concrètement ?
Les dispositions ont été prises pour maîtriser, non seulement, la production de poussins mais aussi toutes les autres étapes de la chaîne de valeur en finissant par la conservation (la chaîne de froid). Il faut rappeler que le Bénin produit déjà par an 20.000 tonnes de volailles toutes espèces confondues (poulets traditionnels, pintades, dindes, etc) avec une aviculture de type traditionnel, extensive, en l’occurrence.

Selon des statistiques, le Bénin importe entre 65.000 et 100.000 tonnes de volailles par an, êtes-vous prêts (aviculteurs) à combler ce besoin si la mesure entrait réellement en vigueur ?
Je confirme que le Bénin importe environ 100.000 tonnes mais sur cette quantité importée, nous ne consommons qu’environs 20.000 tonnes au Bénin puisque le reste est réexporté au Nigeria.
Vous convenez avec moi que le besoin actuel est donc de 20.000 tonnes de viande de volaille
Pour combler rapidement ce gap, le Bénin s’est doté d’une stratégie nationale d’intensification de la volaille à travers la promotion des poulets de chair à croissance très rapide. A titre d’exemple, les éleveurs béninois produisaient environ 3.000 tonnes de poulets de chair. Vous convenez avec moi qu’avec les appuis prévus et l’intensification, l’objectif sera atteint en peu de temps.
En faisant quoi réellement ?
En intensifiant la production des poussins de chairs, en installant de nouveaux couvoirs, en mettant en place des facilités pour accompagner les aviculteurs à maîtriser la production et donc à mieux produire et augmenter leur capacité de production. Le travail se fait aussi et surtout sur les circuits de distribution, en mettant en place des abattoirs et d’ailleurs certains ont déjà commencé.
A vous entendre, tout est déjà en place ?
Je vous rassure que nous, éleveurs sommes prêts et très optimistes pour produire de la volaille de qualité et avons la ferme conviction que sous peu nous allons pouvoir combler ce gap de 20.000 tonnes de poulets ce qui fera du Bénin un pays autonome en terme de production de volaille.
Mais à quel coût ?
En réalité, c’est parce que nous produisions de façon extensive que nos produits valaient plus chers que ceux qui sont importés (encore que ce n’est pas la même qualité). Dès que la production sera intensive, le coût de revient va certainement baisser. Maintenant, le consommateur ne va pas s’attendre à payer moins cher que le poulet importé étant donné que la qualité à un prix. J’invite donc tout le peuple béninois à accompagner cette noble décision malgré les petites difficultés inhérentes à toute nouvelle initiative.
Transcription : Arnaud ACAKPO (Coll)