Proscrits par le législateur béninois, le travail et l’exploitation des enfants restent une réalité dans le pays. Sur les chantiers de construction, dans les carrières, les champs et surtout les marchés, nombreux sont ces enfants qui sont exploités pour divers travaux malgré les menaces des autorités.
Mardi 25 mai 2021, c’est le jour de marché à Pahou dans la commune de Ouidah, il est 14 h et malgré le soleil frappant, Dorcas 10 ans déambule dans le marché avec sur sa tête un plateau dans lequel est disposé une dizaine de tas d’oignons.
Comme Dorcas, bien d’autres petits enfants passent la majeure partie de leurs journées dans ces marchés pour le bien de leurs tutrices à qui ils doivent de rendre des comptes en fin de journée. C’est le cas de Benjamin, âgé de 12 ans. Vêtu d’une tenue mal au point, ce jeune garçon circule dans le marché à la recherche de quelques bagages à transporter moyennant des pièces d’argent. « Je ne vais plus à l’école depuis deux ans. Je viens au marché (marché de Pahou) pour chercher un peu d’argent afin de m’occuper de moi », fait savoir le bout d’homme en langue Fon. Benjamin n’est pas le seul à être contraint de quitter les bancs pour se prendre en charge, s’adonnant aussi à des travaux ou même en se faisant exploiter.
Plus loin, au marché de Cococodji, le constat est le même, de nombreux enfants chargent sur la tête et ou derrière des étalages, se font passer pour des commerçants. « Je viens au marché pour aider ma tante dans la vente de ses produits. Dans la matinée, je reste dans la boutique et dans l’après-midi, je fais de la vente ambulante. Nous restons dans le marché souvent jusqu’à 20 h », renseigne Sylvie 12 ans.
Pourtant la loi l’interdise
L’exploitation et le travail des enfants sont une réalité dans les marchés du Bénin et l’on pourra se demander quels rôles jouent les responsables de ces marchés pour l’éradication de ce phénomène ? Difficile de trouver une réponse convaincante puisque ces dames qui sont appelées ‘’AHi Gan’ (Cheffes en français)’, sont complices de cette pratique. Voir les enfants être exploités ou dans des conditions de travail tel des adultes, il ne faut seulement pas se rendre dans les marchés puisque ces derniers se trouvent aussi sur les chantiers de construction ou des ateliers de travail.
En 2011 par l’entremise du décret N°2011-029 du 31 janvier 2011 le gouvernement d’alors a établi la liste des travaux dangereux interdit aux enfants en République du Bénin. Parmi lesdits travaux on retrouve la vente ambulante, dans les marchés ou dans les magasins et bien d’autres corps de métiers. Malgré les dénonciations et les mises en garde l’on peut constater l’ampleur de la situation. Apercevoir des enfants porter sur des chantiers de construction des charges lourdes, et ce, malgré leur jeune âge n’est pas nouveau pour le Béninois.
Firmin KASSAGA