Evasion fiscale : Quand certains commerçants défient l’Etat

Parakou, capitale économique du Nord-Bénin, est le théâtre d’une fraude fiscale grandissante dans le secteur du commerce électronique. Derrière les prix attractifs des smartphones, téléviseurs et autres gadgets high-tech se cache une réalité moins reluisante : une évasion fiscale organisée qui prive l’État de précieuses ressources. Une situation qui pénalise les commerçants honnêtes et affaiblit l’économie nationale.
Dans les grands marchés de Parakou, les étals regorgent d’appareils électroniques à des prix défiant toute concurrence. Ces produits, majoritairement importés du Nigéria voisin, séduisent une clientèle en quête de bonnes affaires. Pourtant, derrière ces promotions alléchantes se cache une pratique illégale : l’absence systématique de facturation.
Interrogés, plusieurs acheteurs confirment qu’il est quasi impossible d’obtenir un reçu, même pour des achats dépassant 500 000 FCFA. « Quand vous demandez une facture, soit on vous refuse la vente, soit on vous propose de payer un supplément », témoigne un client mécontent. Une stratégie qui permet aux commerçants de soustraire leurs revenus au fisc, privant ainsi l’État de recettes essentielles.
Des associations influentes qui protègent les fraudeurs
Si l’administration fiscale est consciente du problème, les contrôles restent insuffisants. En cause : le poids des associations de commerçants, réputées pour leur influence politique. Certains opérateurs bénéficieraient de protections au plus haut niveau, leur permettant d’échapper aux vérifications. « Nous payons nos taxes, mais d’autres vendent en toute impunité sans jamais déclarer leurs chiffres d’affaires », déplore un gérant de magasin officiel. Cette *concurrence déloyale décourage les acteurs honnêtes, qui voient leurs marges se réduire face à des concurrents pratiquant des prix artificiellement bas grâce à la fraude.
Un manque à gagner colossal pour l’État
Dans un contexte où le gouvernement mise sur la mobilisation des ressources internes pour financer les infrastructures et les services publics, ces pratiques représentent un véritable frein au développement. Selon des estimations, des milliards de FCFA échapperaient chaque année au Trésor public à cause de cette évasion fiscale. Pourtant, des solutions existent : Renforcement des contrôles dans les marchés et aux frontières ; Collaboration avec les douanes nigérianes pour traquer les importations illicites ; Sensibilisation des consommateurs sur l’importance des reçus fiscaux ; Sanctions accrues contre les fraudeurs et leurs complices administratifs.
Vers une moralisation du commerce électronique ?
Le phénomène n’est pas nouveau, mais son ampleur grandissante exige une réponse ferme. Sans une répression plus stricte, l’économie informelle continuera de rogner les finances publiques, au détriment des projets de développement. Pour les commerçants légalement établis, l’équité fiscale est une question de survie. « Si l’État ne nous protège pas, beaucoup finiront par fermer boutique ou basculer dans l’informel », prévient un vendeur de téléphones. Il devient donc urgent que les autorités fiscales renforcent les contrôles sur ces circuits parallèles et instaurent des mesures rigoureuses pour réduire l’évasion fiscale. Un commerce juste et équitable est non seulement vital pour les finances publiques, mais aussi pour restaurer la confiance dans le système économique du pays.
La REDACTION