Malgré le déguerpissement forcé par l’Etat des occupants des espaces publics, la mairie de Cotonou a entrepris de percevoir des redevances auprès de ces derniers. Une démarche en porte-à-faux avec la politique du gouvernement.
Tous les Cotonois se souviennent de l’opération déguerpissement des espaces publics menée en 2017, soit un an après l’arrivée du pouvoir du nouveau chef de l’Etat. L’objectif de cette opération était de libérer les trottoirs transformés en lieux de commerce au mépris des règles d’urbanisme. Revendeurs, mécaniciens, soudeurs, vendeurs à la sauvette et bien d’autres petits acteurs économiques avaient alors été invités à trouver des lieux appropriés pour leurs activités.
Quelques années après qu’ils aient été chassés, ces derniers s’y sont de nouveau progressivement réinstallés, bravant ainsi l’autorité de l’Etat. Ce retour progressif à la case de départ semble encouragé par certains détenteurs de pouvoir public. En effet, la mairie de Cotonou perçoit auprès des occupants de ces espaces publics des taxes, légitimant ainsi leur refus d’obtempérer. Concrètement, certains occupants paient une redevance de 1000f par semaine soit 52.000 francs CFA par an selon la superficie occupée. D’autres payent jusqu’à 10 mille francs CFA par mois soit 120. 000 mille francs CFA par an.
Dans ces conditions, il devient difficile pour l’Etat central de restaurer son autorité car toute initiative allant dans le sens du déguerpissement sera perçu comme un harcèlement et une indifférence vis-à-vis des difficultés économiques que traversent actuellement bon nombre de ménages de cette ville.
Avec le projet d’asphaltage des rues, la ville de Cotonou est en pleine transformation. L’objectif du gouvernement est de rendre cette cité moderne et attractive, à l’opposé de l’aspect de bidonville qu’elle présente actuellement. Si le gouvernement tient à la réussite de cette initiative, il devra encore chasser les occupants des espaces publics qui donnent à la ville un aspect chaotique. Que fera la mairie dans ce cas, elle qui est en train de légaliser l’occupation illégale des espaces ?
La Rédaction