Esclavage au Koweït : Le cri d’alarme de Ganiou Soglo

 Esclavage au Koweït : Le cri d’alarme de Ganiou Soglo

Le 9 juin 2025, Ganiou Soglo, ancien ministre et fils de l’ex-président béninois Nicéphore Soglo, a publié une tribune incendiaire sur Facebook. Il y dénonce les Accords Bilatéraux de Travail (ABT) entre le Bénin et les pays du Golfe, qualifiés de « mouroir » pour la jeunesse béninoise. Son cri d’alarme met en lumière un système où des centaines de jeunes filles, envoyées comme domestiques au Koweït ou aux Émirats, sombrent dans l’esclavage moderne avec la complicité passive de l’État. 

Les ABT, signés par le Bénin sous la présidence de Patrice Talon, sont censés encadrer la migration de travailleuses vers le Golfe. Officiellement, ils visent à protéger ces femmes. En réalité, elles sont souvent livrées à des réseaux criminels : Confiscation des passeports  dès l’arrivée, les rendant vulnérables ; Journées de 20 heures, sans congés ni protection sociale ; Exploitation sexuelle, comme en témoigne le scandale « Dubaï Porta Potty ».  Ganiou Soglo fustige l’hypocrisie du gouvernement : « Comment s’étonner de ces réseaux quand le ministère des Affaires étrangères agrée les agences qui les organisent ? ». 

La Méditerranée ou le Golfe : deux enfers pour la jeunesse béninoise 

Le Bénin, comme d’autres pays africains, voit sa jeunesse prise en étau entre deux tragédies : La route migratoire vers l’Europe, où des milliers périssent en Méditerranée. En Libye, 70 à 80 % des migrants sont en situation irrégulière, souvent victimes de trafics. Les ABT, présentés comme une alternative, mais qui reproduisent les mêmes violences. Des témoignages comme celui d’Hervé N’Dri, ex-migrant ivoirien au Koweït, décrivent des conditions proches de l’esclavage. 

L’État béninois, complice ou impuissant ? 

Le gouvernement béninois se défend en mettant en avant des enquêtes récentes contre des trafiquants. Mais pour Ganiou Soglo, c’est un leurre : « Les agences recruteuses opèrent avec l’aval des autorités, comme le révèle l’enquête du Patriote. Aucune protection consulaire n’est assurée, malgré les abus documentés. Pire, ces accords masquent l’échec des politiques locales : chômage massif, fermetures d’entreprises, et un secteur privé atrophié ». 

Un espoir d’action ?

Dans son discours du 20 décembre 2024, Talon a vanté les progrès du Bénin en matière d’infrastructures et d’éducation. Pourtant, rien sur les ABT. Soglo lance un appel : « Demande de moratoire sur les envois vers le Golfe.  Création d’emplois locaux, notamment via les 30 lycées agricoles annoncés ».  « Mais la volonté politique manque-t-elle ? Talon, dont le mandat touche à sa fin, reste silencieux sur le sujet ».

 Solutions : repenser la migration et l’économie

Pour enrayer ce fléau, plusieurs pistes : Audits indépendants sur les ABT, comme réclamé par la société civile ; Coopération régionale avec l’OIT pour encadrer les migrations; Investissements dans l’emploi jeune, plutôt que dans l’exportation de main-d’œuvre. 

La tribune de Ganiou Soglo révèle une amère réalité : les ABT, sous couvert de légalité, perpétuent un esclavage moderne. Entre la noyade en Méditerranée et l’exploitation au Golfe, la jeunesse béninoise est prise au piège. Reste à savoir si les dirigeants africainsou choisiront l’hypocrisie commode des beaux discours. 

LA REDACTION

Articles similaires