Le ton est certes, ferme. Le langage acrimonieux. Mais il fallait y recourir pour crever définitivement l’abcès. Loin d’être un pavé jeté dans la marre de la corporation des enseignants, le président Patrice Talon a véritablement touché à un pan essentiel de la déontologie de la fonction enseignante, notamment au niveau universitaire. Un appel à la vocation plutôt qu’une aventure pour essayer de joindre les deux bouts.
Que reste-t-il encore du statut de “quartier latin” reconnu au Bénin ? Question ? Pour apporter un élément de réponse, il y a lieu de questionner le système éducatif, sinon la qualité des ressources humaines commises à l’œuvre de former les citoyens de demain. Là-dessus, le président Patrice Talon a créé le suspense et non l’incident. “𝐃és𝐨𝐫𝐦𝐚𝐢𝐬 𝐚𝐮 𝐁é𝐧𝐢𝐧, 𝐜𝐞𝐥𝐮𝐢 𝐪𝐮’𝐨𝐧 𝐝é𝐧𝐨𝐦𝐦𝐞 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐮𝐧é𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐩𝐫𝐨𝐟𝐞𝐬𝐬𝐞𝐮𝐫 𝐝’𝐮𝐧𝐢𝐯𝐞𝐫𝐬𝐢𝐭é 𝐝𝐞𝐯𝐫𝐚 ê𝐭𝐫𝐞 𝐮𝐧 𝐞𝐱𝐩𝐞𝐫𝐭 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐬𝐚 𝐝𝐢𝐬𝐜𝐢𝐩𝐥𝐢𝐧𝐞, 𝐞𝐭 𝐬𝐨𝐧 𝐞𝐱𝐩𝐞𝐫𝐭𝐢𝐬𝐞 𝐝𝐞𝐯𝐫𝐚 𝐫é𝐠𝐮𝐥𝐢èr𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 ê𝐭𝐫𝐞 é𝐯𝐚𝐥𝐮é𝐞 𝐩𝐚𝐫 𝐝’𝐚𝐮𝐭𝐫𝐞𝐬 𝐞𝐱𝐩𝐞𝐫𝐭𝐬 𝐝𝐞 𝐫𝐞𝐧𝐨𝐦𝐦é𝐞 𝐢𝐧𝐭𝐞𝐫𝐧𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐚𝐥𝐞. 𝐈𝐥 𝐝𝐞𝐯𝐫𝐚 𝐬𝐚𝐯𝐨𝐢𝐫 𝐭𝐫𝐚𝐧𝐬𝐦𝐞𝐭𝐭𝐫𝐞 𝐬𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐧𝐚𝐢𝐬𝐬𝐚𝐧𝐜𝐞𝐬 𝐞𝐭 ê𝐭𝐫𝐞 𝐝’𝐮𝐧 𝐩𝐫𝐨𝐟𝐞𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧𝐧𝐚𝐥𝐢𝐬𝐦𝐞 𝐢𝐫𝐫é𝐩𝐫𝐨𝐜𝐡𝐚𝐛𝐥𝐞 ; 𝐢𝐥 𝐝𝐞𝐯𝐫𝐚 𝐚𝐮𝐬𝐬𝐢 𝐞𝐭 𝐬𝐮𝐫𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐬’𝐢𝐧𝐭𝐞𝐫𝐝𝐢𝐫𝐞 𝐭𝐨𝐮𝐭𝐞 𝐫𝐞𝐥𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐨𝐮 𝐭𝐞𝐧𝐭𝐚𝐭𝐢𝐯𝐞 𝐝𝐞 𝐫𝐞𝐥𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐚𝐦𝐨𝐮𝐫𝐞𝐮𝐬𝐞 𝐚𝐯𝐞𝐜 𝐬𝐨𝐧 𝐚𝐩𝐩𝐫𝐞𝐧𝐚𝐧𝐭”. Ainsi parlait le locataire de la Marina, le vendredi 17 février 2023, lors de la cérémonie d’installation de la Délégation générale au contrôle et à l’Éthique dans l’enseignement supérieur. Ceci, comme pour dire que l’école est sanctuaire autant que la chapelle. Un langage de vérité qui pourrait être mal compris. Mais à l’analyse, il s’agit d’un diagnostic assez logique pour corriger ce qui est encore possible. Bien que le Bénin puisse se targuer d’avoir des professeurs d’université qualifiés, il reste que ce temple d’acquisition de savoir est confronté à un sérieux problème de professionnalisation. Dès lors, des réformes s’imposent au niveau de la morale et de l’éthique. À ce niveau, il ne fallait pas faire la langue de bois. Il y a lieu d’instaurer une discipline pour assoir la conscience professionnelle. C’est bien dans ce sens qu’il faut percevoir les propos du chef de l’État, même si on aurait souhaité qu’il le dise de façon officieuse. Mais c’était juste pour une bonne cause et là-dessus, il faut taire les polémiques et comprendre qu’il y a vraiment nécessité de corriger le tir. La déification de la fonction enseignante au niveau universitaire ne doit pas être une culture encore moins un statut.
Didi HOUNNOU (Coll)