Francophonie Games: Portrait of Aboubacar Bablé Draba

In the lodges of the French Institute of Abidjan, Aboubacar, 30 years, patiently bides its time, son ordinateur portable et outil de travail posé devant lui. Celle où il présentera pour la première fois une de ses créations vidéo sur grand écran devant les caméras de télévision et le public des Jeux venu nombreux.

De sa chambre à Bamako où il vit chez sa tante à l’auditorium du prestigieux établissement de la capitale ivoirienne, le jeune homme mesure sa chance d’être ici. « Un honneur », he specifies. Aboubacar, c’est d’abord un mélange de cultures en héritage. Sa mère est née au Mali, lui au Burkina, son père à Bouaké en Côte d’Ivoire. Pourtant c’est la première fois qu’il se rend dans ce pays frontalier. « Il a fallu que la francophonie vienne me chercher », plaisante-t-il.

Passionné de vidéo, connecté mais sans trop de moyens, le jeune homme a travaillé dur pour perfectionner son art. Après la réussite du bac il y a 9 years, il étudie un peu l’économie à l’Université nationale puis réussit le concours d’entrée du Conservatoire des Arts et métiers Multimédia Balla Fasseké Kouyaté de Bamako. Il en sort avec un Master multimédia en poche et devient réalisateur en partie grâce à sa seconde passion : le rap. « Je n’avais pas les moyens de m’offrir un bon clip, alors j’ai dû me former pour faire la réalisation », se remémore celui qui officie avec ses amis dans le groupe malien Dopé Family. Il en réalise pour d’autres groupes, remporte un prix du meilleur clip et devient réalisateur télé : émissions de jeunesse, talk-shows… Mais il s’ennuie. « Il n’y avait pas trop de créativité. J’avais envie de m’évader, d’exprimer mes sentiments et ma façon de voir les choses à travers la vidéo artistique ».

« Ville peinte », un message coloré d’entente entre les peuples

Il apprend le tournage, le montage, se perfectionne à des logiciels comme Final Cut ou After Effects. Et après et des nuits blanches qu’il ne compte plus, il crée son projet de 4 minutes « Ville peinte » qui lui ouvre les portes des Jeux de la Francophonie. Il a tourné dans Bamako avec son petit frère, ses amis et des acteurs une vidéo originale : chaque passant, chaque véhicule laisse une trace de sa couleur derrière lui ; une réflexion sur la trace que l’on laisse sans le savoir derrière soi, les différences de chacun qui pourraient être harmonieuses « comme un arc-en-ciel » si elles étaient unies. A fortiori, il s’inspire de la situation de son pays, The Mali : « Le Mali n’est pas qu’une culture. C’est ensemble que nous sommes un peuple ».

On retrouve cela dans la bande-son de la vidéo, composée par le DJ de son groupe de rap Abdoulaye Soumaré : un mix d’instruments traditionnels de plusieurs cultures (Peuls, Dogons) est représenté notamment grâce aux notes de kora, harpe-luth qui fut l’apanage des griots. Une partie un peu plus sombre de la création décrit la guerre, le djihadisme avec des images presque subliminales. Un de ses amis danse sur fond vert et semble souffrir, « comme dans un cauchemar ». Aboubacar Bablé Draba rajoute des effets vidéo et la magie opère : « Ville Peinte », message coloré d’entente entre les peuples fait s’interroger le spectateur sur l’influence de ses actes dans la société, aussi minimes soient-ils.

Pari réussi pour le réalisateur malien qui rafle la médaille d’argent dans cette catégorie Création numérique sous les ovations du public.

Un passage aux Jeux de la Francophonie d’Abidjan qui sera bénéfique pour le jeune homme. Lui qui a pris beaucoup de contacts et échangé avec d’autres réalisateurs francophones parle d’une « ambiance tellement bonne » et d’une « excellente formation ». A Bamako, où il se sent en sécurité malgré un contexte politique instable dans le pays, il rentrera récompenser et conclut : « Personnellement j’essaie de changer les mentalités avec ce que j’ai : mon art ».

Source: Francophonie Games