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Elections 2026 : Comment échouer à la présidentielle

Au moment où l’opposition et la mouvance commencent à affûter leurs armes dans l’ombre, bien malin qui dira d’où sortira le prochain président du Bénin. Des deux côtés, la cacophonie des ambitions ajoutées à certaines erreurs de stratégie empêchent d’avoir une lisibilité claire à moins de trois ans de l’élection présidentielle.

Depuis l’arrivée du président Patrice Talon à la tête du Bénin en avril 2016, l’antagonisme a été exacerbé au sommet de l’Etat. Face aux intérêts en jeu, les acteurs se sont regroupés en deux catégories distinctes contrairement à la culture politique du pays qui consacrait le règne du flou et des changements spectaculaires de camps. Aujourd’hui, il existe une mouvance présidentielle bien visible et, à côté, une opposition tout aussi claire. Même les déçus du régime hésitent à rejoindre les rangs de l’opposition, convaincus de ce qu’ils n’y seraient pas acceptés.
Dans ce contexte, le scrutin présidentiel de 2026 pourrait se jouer à un tour, ce qui est inédit pour une élection en fin de mandat. Mais alors pour que cela devienne réalité, il est indispensable que le dualisme actuel subsiste jusqu’au bout. Ce qui n’est pas certain.
Depuis son élection à la tête du pays, le chef de l’Etat a su maintenir sa troupe unie. Même les cadres déchus de leurs fonctions, parfois avec fracas, ont toujours clamé leur fidélité à Patrice Talon. Mais, à mesure où l’on s’achemine vers le scrutin, les langues commencent à se délier. Prenant de l’avance, certains partisans ont commencé dans la discrétion à asseoir des états-majors de campagne en leur faveur. Lors d’une de ses sorties médiatiques, le président de l’Union progressiste le Renouveau avait d’ailleurs attiré l’attention sur cette cacophonie débutante. « La Commission nationale électorale autonome et les institutions de notre Etat n’ont pas encore lancé un processus électoral», avait fait remarquer Joseph Djobénou.
Partir en rangs serrés serait donc le meilleur moyen de contribuer à l’élection d’une personnalité de l’opposition. Seulement, également de ce côté, l’unanimité contre le président Talon pourrait ne pas résister à la tentation de candidatures multiples. Lorsqu’on parle d’opposition au Bénin, il s’agit assurément du parti Les Démocrates (LD), les autres formations politiques ayant été quasiment atomisés lors des élections législatives de janvier 2023.
En 2021, LD avait désigné un seul candidat en la personne de Reckya Madougou qui, depuis a été emprisonnée et condamnée à 20 ans de prison. Si elle venait à être libérée, elle serait la candidate naturelle de ce parti. Seulement, entre-temps, d’autres personnalités sont à l’affût, certains de leur côté disent que leur heure est enfin venue. La précampagne n’étant pas encore officiellement ouverte, les jeux ont par contre commencé et chacun tente de montrer qu’il est le plus redoutable anti-Talon.
Face à cette situation, le camp qui sera le plus divisé sera certainement perdant. A moins que le prochain président vienne de l’extérieur des partis, comme cela a souvent été le cas au Bénin.

Pierre MATCHOUDO

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