Effrayante épidémie de viols sur mineures au Bénin : Des chiffres qui hurlent

 Effrayante épidémie de viols sur mineures au Bénin : Des chiffres qui hurlent

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Les chiffres donnent le vertige. Entre 2021 et 2025, le Bénin a vu le nombre de viols sur mineurs exploser de manière alarmante, passant de quelques centaines à plusieurs milliers de cas par an. Derrière ces statistiques glaçantes se cache une réalité insupportable : chaque jour, plus de 16 enfants sont victimes de violences sexuelles dans le pays. Pourtant, malgré un arsenal juridique strict, l’impunité reste la règle.

Le Bénin fait face à une crise humanitaire et judiciaire majeure. Derrière chaque chiffre se cache une enfant brisée, une vie volée. Si la loi existe, elle reste trop souvent lettre morte, Selon Chimène Yédjénou, juriste à l’Institut National de la Femme (INF), d’après la Dépêche, dresse un constat accablant : 2021-2022 : environ 200 cas de viols sur mineurs ;  2023 : près de 1 117 cas ; 2024 : 2 000 cas ; Premier trimestre 2025 : déjà plus de 1 500 cas signalés. En calculant la moyenne sur les 90 premiers jours de 2025, le Bénin enregistre plus de 16 viols sur mineures par jour. Un rythme effarant qui illustre l’ampleur d’un fléau en pleine expansion.  « Ces chiffres ne reflètent que les cas signalés. Beaucoup d’autres restent tus par peur, honte ou méconnaissance des recours possibles », souligne Me Marlène Hounkpatin, avocate à l’INF, d’après la même source. 

Une législation dissuasive… mais peu appliquée

Face à cette crise, le Bénin a renforcé son cadre juridique avec la loi 2021-11 du 20 décembre 2021, prévoyant des peines sévères : Viol simple : 5 à 10 ans de prison + amende de 500 000 à 2 millions FCFA ; Viol par un ascendant ou une autorité : 10 à 20 ans de prison + amende jusqu’à 5 millions FCFA ; Viol aggravé (mineure, violence, handicap, grossesse) : 10 à 20 ans de prison avec amendes maximales.  « Nous avons un arsenal juridique très dissuasif, mais la vraie question est l’effectivité de son application », déplore Me Hounkpatin. En effet, malgré la hausse des signalements, les condamnations restent rares, laissant de nombreux agresseurs en liberté. 

Pourquoi une telle impunité ? 

Plusieurs facteurs expliquent cette inefficacité judiciaire. En effet, la pression sociale et familiale c’est-à-dire dans de nombreuses communautés, les affaires de viols sont étouffées pour « préserver l’honneur » des familles. Les victimes sont souvent contraintes au silence.  Il y a aussi la lenteur des procédures, plus précis les enquêtes traînent en longueur, décourageant les plaintes.  Le manque de moyens  constitue aussi un autre frein parce que  Police et tribunaux manquent de ressources pour traiter efficacement les dossiers. La corruption vient s’ajouter. Car certains agresseurs achètent leur liberté, surtout lorsqu’ils ont des moyens financiers ou des appuis politiques. 

Pour inverser la tendance, plusieurs mesures s’imposent donc. Il s’agit de : Renforcer la sensibilisation (Informer les populations sur les droits des victimes et les recours possibles) ; Accélérer les procédures en créant des tribunaux spécialisés pour les violences sexuelles ; Protéger les victimes en mettant en place des cellules d’écoute et des hébergements sécurisés ; Lutter contre la corruption en sanctionnant sévèrement les tentatives d’entrave à la justice.  Il est  alors temps que l’État, la société civile et les citoyens unissent leurs forces pour briser l’omerta et faire justice aux milliers de victimes silencieuses.  Parler, c’est déjà agir. Briser le silence, c’est sauver des vies. 

Damien TOLOMISSI

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