Le traitement de l’insuffisance rénale ruine les patients et leurs parents. Pis, personne n’est à l’abri de ce mal pernicieux qui tue en silence. C’est ce qui ressort de l’intervention du président de l’association des dialysés du Bénin. Dans cet entretien, Edmond Amoussou loue les efforts du gouvernement mais demande l’indulgence du chef de l’Etat Patrice Talon afin qu’il rende gratuite la prise en charge des patients dialysés. Lisez plutôt !!!
L’actualité est marquée par un cas de personne souffrant gravement d’insuffisance rénale qui sollicite du soutien financier pour se faire soigner. Apparemment, ce cas vient conforter vos incessants cris de cœur ?
L’insuffisance rénale est une maladie très silencieuse qui ne dit rien avant d’apparaître comme j’ai toujours l’habitude de le dire. Nous sommes tous exposés à l’insuffisance rénale qu’elle soit chronique ou aiguë donc si nous ne faisons rien un jour nous allons nous trouver dans la situation des dialysés. Et cela se confirme avec le cas de Judicaël Gbaguidi. Vous voyez votre confrère, il y a cinq ans si on lui disait qu’il serait insuffisant rénal et qu’un jour qu’il sera soumis à la dialyse, il n’allait jamais accepter et pourrait maudire celui qui parlerait de cela à ses côtés. Voilà que c’est arrivé donc nous devons tous nous mobiliser pour dire à nos autorités de jeter un autre regard sur le traitement de ce mal.
Mais les autorités dont vous parliez ont décidé d’instaurer un ticket modérateur en prenant en charge 80% des dépenses liées à la prise en charge des patients
Non ! Mon cher journaliste. On ne peut pas continuer de payer 20 pourcents des frais de traitement de dialyse au Bénin. Je vous fais un calcul très simple. La dialyse coûte au bas mot 1600.000 FCFA par mois au Bénin. Si on vous dit de payer 20 pourcent cela revient à 320.000 FCFA par mois alors que c’est un traitement à vie. C’est pour cela que nous disons que le ticket modérateur instauré par le gouvernement n’est pas adapté à la prise en charge des dépenses liées au traitement de la dialyse.
Récemment vous avez écrit une lettre ouverte à l’endroit du Chef de l’Etat, N’est- ce pas ?
Effectivement. Nous avons envoyé une lettre ouverte au président de la République pour qu’il puisse nous écouter. Nous avons frappé à toutes les portes mais c’était peine perdue. Et comme nous estimions que ceux qui l’entourent ne lui disent pas toujours la réalité du problème de la dialyse, nous pensons que la lettre ouverte serait la meilleure voix pour nous faire entendre. Notre souhait est que cette lettre lui parvienne.
De quoi est-il question dans le courrier ?
Le tragique accident survenu à Dassa-Zoumè le 29 janvier 2023 a suscité de vifs émois et beaucoup de réactions mais nous disons qu’il y a de pire situation qui se produisent chaque jour avec les dialysés. Plusieurs personnes meurent chaque année faute de prise en charge adéquate. Tout en étant de cœur avec les familles éplorées dans cet accident, paix à l’âme des victimes et encore réconfort et compassion pour les familles, nous disons qu’il faut prendre des mesures plus efficaces pour secourir les personnes dialysées que nous sommes pour ne pas nous laisser mourir. Les gens meurent à petit feu faute d’argent pour s’acheter le kit de traitement.
En clair, vous demandez à l’État de prendre en charge les dépenses liées à la dialyse à 100%?
C’est bien ça. La dialyse ne peut qu’être prise en charge à 100% au Bénin parce même si vous avez beaucoup d’argent, c’est très compliqué. Imaginez que vous devez enlever 100.000 FCFA chaque fois pour des soins. L’argent finira un jour et si vous êtes toujours en vie, il vous faudra chercher de l’argent ailleurs pour malheureusement continuer le traitement. Beaucoup de personnes ne peuvent pas se payer ce luxe-là car c’en est un sous nos cieux. Que le Chef de l’État nous aide et surtout qu’il revoit la formule du ticket modérateur pour que les dialysés continuent de vivre longtemps.
Rappelez-nous quelques causes de l’insuffisance rénale
Il y a l’hypertension artérielle et le diabète donc je conseille à ceux qui sont bien portant aujourd’hui de contrôler chaque fois leur tension artérielle. En cas de hausse anormale qu’il consulte le cardiologue et au cas où cela persistera il faut consulter le néphrologue et doser sa créatinine ou encore jauger ses reins pour connaître son réel état de santé.
Votre mot de fin
Je dirai la même chose que par le passé. Nous qui sommes haut cadres, si nous ne faisons rien aujourd’hui, nous serons rattrapés demain. Car l’insuffisance rénale ne connaît ni ministres, ni Président de la république. Quand elle t’attaque et que tu n’as pas les moyens tu meurs. Aujourd’hui, seuls les fonctionnaires sont pris en charge mais les autres couches de la population sont abandonnées à leur propre sort. Il faut faire quelque chose et c’est ce que nous demandons au Chef de l’Etat. Nous le remercions pour les efforts mais il faut qu’il pense à la prise en charge totale de la dialyse au Bénin.
Transcription : Arnaud ACAKPO (Coll)