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Edito: “Je parle donc je suis “

Au commencement était La Parole. Cette phrase, tirée du livre saint, est si vraie. La guerre moderne la plus palpable dans notre monde dit moderne, est celle de la parole. La parole régit tout. Et les individus, organisations, groupes, peuples, qui ne l’ont pas encore compris, accumulent du retard. La guerre de communication bat son plein, et c’est la communication qui façonne, fait et défait le monde. « Celui qui détient l’information, détient le pouvoir. Celui qui l’entretient, détient le monde. » Adam Smires.

Ceux qui ont les câbles sous-marins, les satellites, les grands médias et les médias sociaux, ont une avance considérable qu’il n’est pas même possible d’évaluer. Certes, des innovations contribuent à réduire le fossé numérique sur le terrain entre ces nations et celles qui n’ont pas les mêmes instruments, mais elles font pour le moment office de goutte d’eau dans l’océan.

Les soutiens d’un individu au gouvernement éthiopien ou aux rebelles du Tigré sont fonction de ce qu’il reçoit comme information à ce sujet. L’approbation ou la désapprobation que l’on donne à l’organisation d’une CAN en janvier-février est une conséquence de la somme d’informations reçues au fil des ans et dans un contexte plus récent, et qui ont forgé dans les cœurs patriotisme, panafricanisme ou déni, selon les camps. Pareil pour la perception que l’on a de ce que le pays organisateur est prêt ou non. De même, le soutien à Assimi Goïta et son gouvernement ou le dédain vis-à-vis d’eux dépend fortement de la source d’information à laquelle s’abreuve celui dont vient ledit soutien, ou celui qui les trouve illégitimes. Et même plus loin, le choix de la méthode préventive ou curative face à la pandémie est très fortement lié à tout ce qu’on a reçu comme données informatives sur la question.

Aujourd’hui, il faudrait davantage éduquer le public sur ce qu’est l’information, qui est habileté à la lui donner, tout en n’excluant pas le bon sens, la logique et la capacité analytique de ce public. Mais pour qu’il ait un bon sens aiguisé, une logique cohérente, et une capacité analytique appréciable, il est impératif qu’il ait reçu une excellente éducation ; je dis bien éducation, et non pas instruction uniquement.

Aujourd’hui, peu nombreux sont les médias de grande envergure détenus par des journalistes. Ils sont généralement la propriété d’hommes d’affaires influents, richissimes, qui ont outre ces médias, plusieurs autres intérêts économiques. Un peu comme la Fifa, qui n’est pas dirigée par un (ancien) footballeur. Certes, avoir exercé le métier avant de diriger ses confrères ne garantit pas la qualité de la gestion, mais elle permet de mieux en comprendre les contours, en ressentir les implications. Il faudrait juste associer des capacités managériales idoines et certaines vertus.

Revenons à la communication. Il urge pour l’Afrique d’avoir ses médias d’envergure mondiale. Je ne parle pas de médias portant un nom africain avec des non Africains à la manœuvre, comprenons-nous bien. Bien entendu, je n’ai rien contre l’entrepreneuriat des non Africains, pas d’amalgame. Mais pour maîtriser le contenu et le flux, et par ricochet l’impact de la donnée ventilée au public, il faut avoir le hardware et le software. En d’autres termes, il faut détenir la matière première, les outils d’extraction, les intrants, l’usine de transformation, le circuit de distribution, le marketing et la publicité, et le service après-vente. Ceci est vrai pour l’information, et pour tout le reste.

Victor-Emmanuel EKWA-BEBE III

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