Battus sur la plus petite marque des scores par la Sierra Leone (1-0), mardi 15 juin 2021 à Conakry, les Ecureuils du Bénin rateront la prochaine Coupe d’Afrique des Nations qui se déroulera au pays des Lions Indomptables après avoir disputé la précédente édition. Décryptage de cette grosse désillusion.
Avec 7 points, les Ecureuils du Bénin n’avaient besoin que d’un nul pour composter leur billet pour la grande messe du football continental qu’abritera le Cameroun en janvier 2021. Mais au terme de cette ultime rencontre de la poule L qui par le passé était hypothéquée à cause d’une polémique liée à des tests Covid-19 positifs, ce sont les Leone Stars qui ont empoché le gain de la partie. Ceci aux dépends des Ecureuils béninois grâce à un but de Kei Kamara sur pénalty (1-0). Il s’agit de la première participation de la Sierra Leone à la CAN depuis 1996. Une pilule amère à avaler pour le public sportif béninois qui nourrissait l’espoir d’une cinquième participation de son team national à la Coupe d’Afrique des Nations.
Erreurs évitables
Depuis l’entame de ces éliminatoires, la sélection béninoise de par sa production de jeu a du mal à convaincre. Pour preuve, elle ne compte que trois buts à son actif sur les six rencontres disputées avec un total de 4 buts encaissés. Peut-être trop conservateur d’un jeu défensif, Michel Dussuyer a opté pour un jeu plus fluide en attaque (4-2-3-1) au moment où il aurait dû se contenter de maintenir sa tactique de trois axiaux (3-5-2 ou 3-4-3). Mauvaises consignes ou incapacité à les faire assimiler à son groupe ? Les deux sans doute. Carlo Ancelotti a un jour dit : « Si les joueurs font 30 % de tout ce que vous avez expliqué, vous devez être content ». En effet, lors de cette rencontre, la détermination, la force de vaincre et la grinta n’ont jamais fait la loi au sein de Khaled Adénon et ses coéquipiers. Face à des Sierra Léonais sans complexes qui ont mordu dans leur début de match, le Bénin a souffert de la comparaison, que ce soit dans l’engagement ou dans l’animation collective.
Soukou, positionné au milieu, avait plutôt satisfait contre la Zambie en amical (2-2), avec les réserves de rigueur face à des adversaires assez tendres. Pas vraiment le cas de Jodel Dossou et Marcellin Koukpo sur les ailes occupés à jouer une partition en solo. Comme lors des grands matchs du team béninois, Jodel Dossou n’a pas apporté de grande plus-value au collectif. Idem pour Djiman Koukou et Jordan Adéoti qui dans un rôle de récupération ont péché dans les transmissions. Steve Mounié a manqué de lucidité devant le but adverse pour cadrer les balles de tête. Une défense (Adénon-Verdon-Samadou-Assogba) qui a laissé beaucoup de failles à l’adversaire. En témoigne la faute de main du capitaine Khaled Adenon qui a orchestré le penalty, synonyme du seul but de la partie. Plus tard, les remplacements effectués n’ont apporté grand-chose si ce n’est le manque de réalisme ou l’individualisme au profit du collectif. Dans l’ensemble, toute l’équipe a déçu. Car c’est toute la stratégie de Michel Dussuyer qui a mené à ce fiasco.
Dussuyer, le rêve vire au cauchemar
Au lendemain d’une élimination, il est de règle qu’on cherche des coupables. Et il y en a plusieurs. Mais en primo, le public sportif et la presse sportive pointent du doigt le technicien français qui n’a pas pu sauter le verrou sierra-léonais. Il lui est souvent reproché ses remplacements tardifs et ses choix. Le pressing, même correct, n’a jamais atteint la précision et l’intensité voulue.
Conscient de l’échec, Michel Dussuyer n’a pas hésité à exprimer sa déception. « C’est une grande déception pour nous tous, après le résultat du match. C’est la réalité aussi du terrain. Félicitations aux joueurs, au staff technique de la Sierra Leone pour leur travail. Maintenant, nous on a beaucoup de regrets, évidemment par rapport au parcours dans ses éliminatoires. Je pense aujourd’hui on est marqué. On n’est aussi redescendu sur terre parce-que j’avais dit qu’une non qualification serait un coup d’arrêt… Aujourd’hui, on est extrêmement déçu. », a-t-il déclaré en conférence d’après match. La véritable question est celle de savoir si ce dernier va poursuivre l’aventure sur le banc des Ecureuils ou sera-t-il demi de ses fonctions ou lui-même déposera-t-il le tablier ? De toute façon, les prochains jours édifieront sur l’avenir de celui qui a permis au Bénin de participer à deux phases finales de la Coupe d’Afrique des Nations (2010 et 2019).
Enfin la Direction Technique Nationale
Si tout le monde est finalement coupable de ce naufrage collectif, il est alors important que le ministère des sports et la Fédération Béninoise de Football vont devoir changer beaucoup de choses pour repartir de l’avant et revenir sur le devant de la scène africaine. Lancé dans son projet de réforme du championnat national, les dirigeants du sport-roi béninois en première ligne après ce nouvel échec, devront désormais avant tout s’atteler à remettre en place la Direction Technique Nationale. Ceci pour impulser une nouvelle dynamique et surtout redonner vie au football des jeunes, seul gage d’un lendemain meilleur.
Damien TOLOMISSI