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Dr Kévin D. Amoussou: «Eviter la consommation de viandes transformées…»

Elles sont très nombreuses les personnes qui consomment de nos jours excessivement la viande sans penser à ses conséquences. Pourtant, plusieurs études réalisées ces dernières années témoignent de sa dangerosité pour l’organisme humain. Certaines mettent l’accent sur le rôle qu’elle joue dans l’apparition de certaines maladies chroniques. Dans cet entretien, Dr Kévin D. Amoussou, Médecin généraliste et Médecin Chef du Centre de Santé d’Agla aborde le sujet. Lisez plutôt !!!

Quels sont les différents types de viande qui existent ?

 On distingue généralement trois types de viande : les viandes rouges (comme le bœuf, le veau, le porc, l’agneau, le mouton, le cheval et la chèvre), les viandes blanches que sont les volailles et les viandes noires (le gibier). Il est cependant important de parler spécifiquement des viandes transformées car cette catégorie de viande est particulièrement indexée comme problématique pour la santé. Il s’agit de viandes qui ont été transformées par le salage, le durcissement, la fermentation, le fumage, ou d’autres processus pour rehausser sa saveur ou en améliorer la conservation. Comme exemple nous avons les Corned-Beef, le jambon, les saucisses, le KILICHI (viande de bœuf séchée retrouvée au Nord-Bénin et au Niger), le KPAMAN (peau de bœuf fumée), le BLOKOTOR (pattes et peau de bœuf séchée),

Quel est l’intérêt d’avoir de la viande dans notre alimentation ?

La viande contribue à l’équilibre alimentaire. La consommation de viande a des bénéfices pour la santé, elle est une source incontournable de protéines de qualité. Ces protéines ont divers intérêts pour l’homme : elles interviennent dans la croissance, le renforcement des muscles, de la peau… En effet, la viande renferme les acides aminés dits “essentiels” c’est-à-dire que notre organisme ne peut fabriquer seul. Il est indispensable de les retrouver dans notre alimentation. La viande est également riche en fer, en sels minéraux comme le Zinc, en oligo-éléments comme le Sélénium et en vitamines comme les vitamines B notamment la B12 qui est beaucoup plus présente dans la viande que les aliments d’origine végétale.

Pourquoi et comment la consommation de viande peut-elle devenir mauvaise pour la santé ?

Il n’existe pas d’aliment fondamentalement mauvais ou résolument bon, tout dépend de l’usage qu’on en fait. Nous l’avons vu la consommation de viande a des bénéfices pour la santé, cependant une consommation excessive nous expose aux maladies cardiovasculaires et à un risque accru de cancers. En effet les viandes rouges contiennent peu d’acides gras insaturés dites « bonnes graisses » et beaucoup d’acides gras saturés dites « mauvaises graisses ». Ces « mauvaises graisses » lorsqu’elles s’accumulent favorisent le processus appelé athérosclérose qui fait que nos vaisseaux sanguins (artères) sont « bouchés », ceci étant responsable des maladies comme l’hypertension artérielle, les AVC, l’infarctus du Myocarde.

En ce qui concerne le cancer, on pense sans certitude que la consommation de viande rouge favorise le développement d’un cancer colorectal. Dans le cas de la viande transformée, on a la certitude que sa consommation provoque le cancer colorectal ce qui fait qu’elle a été classée dans la même catégorie que d’autres agents causes de cancer, comme le tabagisme et l’amiante (Groupe 1 du CIRC), même si cela ne signifie pas pour autant qu’ils ont le même niveau de dangerosité.  Sa consommation pourrait également être liée à la survenue de cancers du pancréas, de la prostate et de l’estomac. On estime que  34 000 décès par cancer par an environ dans le monde sont imputables à une alimentation riche en viandes transformées. Le risque augmente généralement avec la quantité de viande consommée. Chaque portion de 50 grammes de viande transformée consommée tous les jours augmente le risque de cancer colorectal de 18 % environ. En dehors du risque lié à la viande elle-même, le mode de production de la viande (élevages intensifs) nous expose à divers substances dangereuses ou peu bénéfiques pour la santé comme les pesticides, les antibiotiques, et autres perturbateurs endocriniens. D’autres maladies comme la démence  pourraient également être favorisées par la consommation de viandes rouges et viandes transformées.

Quel type de viande et quelle quantité peut-on manger par semaine pour ne pas s’exposer à ces maladies?

Pour diminuer les risques liés à la surconsommation de la viande, il convient de privilégier les viandes maigres ou blanches notamment la volaille et limiter les autres viandes (porc, bœuf, veau, mouton, agneau, abats) à 500g par semaine. 500g de viande hors volaille par semaine, cela correspond à environ 3 ou 4 gros morceaux de ces viandes. Il faut faire attention également au mode de cuisson. La cuisson à température élevée ou avec la nourriture en contact direct avec une flamme ou une surface chaude, comme dans les grillades, les fritures à la poêle, produit davantage de produits chimiques cancérogènes. Il faut rendre exceptionnelle la consommation des viandes transformées.

Comment maintenir un bon apport de protéines et manger équilibré si nous consommons moins de viande ?

La viande n’est pas la seule catégorie d’aliments source de protéines. Le Poisson, l’œuf et les produits laitiers apportent des acides aminés essentiels, et d’autres aliments contiennent des protéines végétales. Notamment les légumineuses  (haricot, soja), les Oléagineux (arachides, amandes), les Graines (sésame, chia), les Céréales complètes (riz, blé complets) et les légumes verts.

Votre mot de fin

Pour une meilleure santé nous devons avoir une alimentation équilibrée, éviter la consommation de viandes transformées et réduire celle de viandes rouges.Propos Recueillis par Damien TOLOMISSI

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