Malgré les remarques du clergé, de la société civile et de l’opposition, le pouvoir persiste et signe : le Code électoral adopté le 15 mars 2024 est une excellente loi, une disposition qui apporte de la clarification sur le terrain politique.
La dernière sortie médiatique autour du Code électorale a été une table-ronde organisée le 10 octobre par Wathi, un groupe de réflexion basé à Dakar et animé par Gilles Yabi. Au cours de cette rencontre, le représentant du principal parti d’opposition Les Démocrates et les deux membres de la société civile invités ont tous attiré l’attention sur l’aspect singulier et potentiellement dangereux de ce Code. Nulle part dans le monde nulle part au monde il n’est fait aux partis politiques l’obligation d’obtenir au moins 20% des suffrages dans chaque circonscription électorale avant de se voir attribuer des sièges, ont-ils fait remarquer.
En juin dernier, l’Eglise catholique qui est montée au créneau pour demander la relecture du même code. Elle demandait au gouvernement et au Parlement de revoir ce seuil, tout en rappelant qu’au moment où il était de 10%, seuls trois partis avaient pu faire valider leur liste électorale. Le clergé avait par la même occasion souhaité que le nombre de parrainages requis par candidat soit revu à la baisse. Selon le Code, en effet, chaque duo de candidats (présidence et vice-présidence) doit être parrainé par au moins 28 députés ou maires élus sur la liste du parti auquel il appartient. Cette mesure exclue toute candidature indépendante et elle risque également d’empêcher l’opposition de pouvoir présenter un candidat.
Outre les appels de l’opposition, des leaders religieux et de la société civile, plusieurs recours ont été introduits par des citoyens auprès de la Cour constitutionnelle. En vain, puisque la Cour a tout simplement validé le texte de loi tel que voté par les députés de la majorité présidentielle.
Si en dépit de toutes ces tentatives le pouvoir refuse de fléchir, il paraît évident que les Béninois devront bien être obligés de faire avec une loi qu’ils savent d’avance déséquilibrée. Car, ce n’est pas à quelques mois des élections que la mouvance accèdera finalement de modifier son texte de loi.
Dans ces conditions, l’opposition n’a plus d’autre choix que de prendre acte et de se préparer à une élection où elle part affaiblie bien que présumant avoir la majorité du peuple avec elle.
L’élection présidentielle aura lieu en 2026 mais la date-butoir pour le dépôt des candidatures est fixée au 14 octobre 2025, en somme dans moins d’un an. L’approche de cette échéance n’est pas sans appréhension pour l’opposition qui, pourtant compte sur l’inflation et le chômage devenu rampant depuis l’arrivée du nouveau régime pour se faire élire.
Pierre MATCHOUDO