Ils ont deux matches. Seulement deux pour changer le cours de l’histoire et faire disputer au Bénin, pour la première fois de son histoire, les barrages d’une coupe du monde. Sauf que la certitude n’est pas la denrée partagée actuellement au sein du nichoir des Ecureuils. Une équipe, une fois encore, comme souvent, condamnée à l’exploit.
La mission est sans équivoque : gagner les deux matches à venir afin de pouvoir espérer une possible qualification au second tour des éliminatoires du mondial Qatar 2022. En concédant une défaite à Cotonou (0-1) face à la Tanzanie lors de la précédente journée, le Bénin s’est sabordé et se retrouve dans une posture peu confortable, contraint de prendre 6 points sur les 6 possibles face à Madagascar à Cotonou et la RD Congo à Kinshasa trois jours plus tard.
Le premier rendez-vous se dévoile petitement comme un piège. Face à des zébus qui ont réalisé le coup parfait à domicile face à la RDC, victoire à domicile 1-0, les Écureuils ont le statut de favori parce que jouant sur leurs installations. Mieux, Michel Dussuyer et ses hommes sont allés réaliser le hold-up parfait à Antanarivo au match aller 1-0. Une victoire inaugurale de ces éliminatoires restée en travers de la gorge des Malgaches. Eux, dont la présence au match aller, du président de la République Andry Rajoelina, aux côtés de l’icône du football africain Samuel Eto’o dans un stade bouillant, entièrement rénové, n’aura guère empêché Steve Mounié de s’envoler tout en haut de l’océan indien pour placer une tête qui refroidit le Barea Mahamasina en fête.
Les Barea auront donc à cœur de prendre leur revanche à Cotonou. Surtout avec Éric Rabesandratana qui semble peu à peu trouver un équilibre. Si au départ, les tâtons se faisaient visibles, au fil des matches l’ancien défenseur du PSG, appréhende mieux son groupe. Une équipe qui en 2019 a surpris l’Afrique du football en se hissant en quarts de finale de la Coupe d’Afrique des Nations, Égypte 2019. Une performance majuscule dont les marques sont à présent conjuguées au passé. À Cotonou, les Barea, vont se présenter comme un poil à gratter. Avec des chances de qualification limitées, l’équipe aura tout de même envie de retrouver de la confiance et de l’allant. Un grain sans doute difficile à moudre pour les Écureuils.
Goliath RDC
A Cotonou, les Écureuils se sont contentés du point du nul 1-1 face à des Léopards pourtant prenables. L’équipe d’Hector Cùper toujours en course malgré son faux pas à Antanarivo jouera tout aussi crânement ses chances. Le pays vainqueur de la Can 1972 et qui n’a plus jamais retrouvé la Coupe du Monde depuis 1974 veut reconquérir son statut sur le continent.
Éliminé de la Can Cameroun 2021 et avec zéro représentant en ligue africaine des clubs champions pour la suite, c’est tout le football congolais qui balbutie actuellement. Une page noire qui veut être vite refermée.
Mais en attendant, les Écureuils peuvent profiter de ce coup de moins bien pour aller provoquer le destin. Car, depuis le 27 mars 2018 et la prise en main de l’équipe par Florent Ibengue jusqu’à la nomination de Hector Cùper, la RDC, c’est 28 matches joués pour 5 victoires, 14 matches nuls et 9 défaites, 25 buts marqués, 33 encaissés et seulement 6 clean sheat. Des statistiques peu reluisantes pour une si grosse écurie du football africain. C’est, on peut se le dire, un monument en difficulté.
Sauf que la RDC est toujours en course dans ce groupe J, même si elle n’a plus son destin entre ses pieds. 3ème du groupe avec 5 points, à seulement 2 points de la Tanzanie et du Bénin. Tout reste encore jouable pour des léopards certes moins féroces mais toujours aussi conquérants.
Dussuyer sur la braise
Le sélectionneur national est de plus en plus contesté depuis l’élimination de Conakry, mal digérée par de nombreux béninois. Reconduit à la tête de l’équipe pour les éliminatoires du mondial, il s’est vu assigner la mission de mener l’équipe le plus loin possible. Si les deux victoires à l’extérieur dans cette campagne ont mis les étoiles plein les yeux au public et ont tracé des sillons d’espoir, la défaite au stade GMK face à la Tanzanie remet à prix la tête du sélectionneur. Il le sait sans doute, il a deux matches, seulement deux pour probablement maintenir son fauteuil ou non. Une nouvelle élimination du Bénin avant les barrages pourrait acter la fin du règne Dussuyer dans maison Ecureuils. « En est-il conscient ? » Lui demande-t-on en conférence de presse de publication de liste. «Je n’y pense pas. Je suis pleinement investi dans ce que je fais » rétorque le technicien azuréen. Une certitude, face à Madagascar il fera sans Cédric Hountondji, blessé aux adducteurs et Cebio Soukou, testé positif à la Covid 19, deux joueurs importants du groupe.
Toutefois, avec le retour de Jodel Dossou qui a publiquement présenté ses excuses, le vacarme qui a agité la préparation du match perdu est plus qu’un lointain cauchemar. Tout résultat, autre qu’une victoire ce jeudi condamnerait déjà le Benin. Michel Dussuyer le sait mieux que quiconque : Ses poulains et lui n’ont plus droit à l’erreur.
Robert KEKELY