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Déguerpissement des petits commerçants : Le pouvoir conforte l’opposition

A trois ans de l’élection présidentielle de 2026, le pouvoir joue gros en procédant à un nouvel déguerpissement des petits acteurs économiques installés aux abords des routes.

Pleurs, gémissements, lamentations… les réactions sont nombreuses et multiformes face aux casses orchestrées par les mairies dans les principales villes du Bénin en ce mois de septembre 2023. De Cotonou à Natitingou en passant par Bohicon, Parakou, toutes les villes ont vu des équipes d’agents municipaux accompagnés de forts détachements de policiers armés parcourir systématiquement les rues pour dégager les occupants qui ne respecteraient pas les normes d’occupation.

L’objectif de cette opération nationale est d’améliorer l’aspect visuel des villes tout en éliminant des facteurs d’insécurité, notamment des accidents éventuels dus à l’occupation des trottoirs. Seulement, les conséquences sont tragiques pour les victimes. En effet, la plupart de ceux qui occupent ces espaces n’ont que là pour tout lieu d’activités économiques pendant que, pour d’autres, l’occupation de ces espaces publics permet d’améliorer le chiffre d’affaires. Dans un cas comme dans l’autre, ce sont donc des pertes financières que subissent des acteurs économiques qui, pour la plupart, vivent au jour le jour.

Le déguerpissement des occupants des trottoirs avait déjà eu lieu au cours du premier mandat du président Talon. Mais, après l’opération, les espaces libérés n’ont vraiment pas été autrement mis en valeur. Au contraire, dans beaucoup de cas, ce sont des bâtiments précaires cassés et des ordures de toutes sortes qui ont pris la place des artisans et petits commerçants chassés. 

Voyant cela, la plupart des victimes se posent la question de savoir la finalité de ces opérations. Beaucoup sont fâchés d’autant plus que l’Etat a choisi un mauvais moment pour reprendre sa chasse aux occupants. D’une part, septembre est le mois de la rentrée des classes, un mois synonyme de difficultés financières dues à l’impérieuse obligation de payer les frais relatifs à la reprise des classes. D’autre part, avec la saison des pluies, plusieurs foyers sont inondés notamment à Cotonou et environs, ce qui nécessite de nouvelles dépenses. Et, au-delà de tout, le manque à gagner causé par les déguerpissements survient dans un contexte marqué par la hausse du coût de la vie.

Quelles que soient les raisons qui ont conduit l’Etat à reprendre ce que d’aucuns dans le sillage du pouvoir appellent assainissement, ces casses surviennent à un mauvais moment. L’élection présidentielle est prévue en 2026. Et eu égard à cela, le gouvernement est en train de fournir à l’opposition un argument de campagne imbattable qui vient s’ajouter à d’autres erreurs de communication déjà faites.

Pierre MATCHOUDO

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