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Débat autour de la loi sur l’avortement : Une tempête dans un verre d’eau

Les députés, à l’appel de l’exécutif, ont adopté, le jeudi 21 octobre 2021, une nouvelle loi « légalisant » l’avortement. Si cette initiative continue de susciter des discussions passionnées, force est de constater qu’il s’agit là d’une tempête dans un verre d’eau. L’avortement était déjà légal. La nouvelle loi n’a fait qu’encadrer la pratique.

L’avortement est un sujet entouré de tabou voire d’hypocrisie en ce sens qu’il est une pratique courante dans l’ensemble du Bénin. Cette omerta favorise des interventions par des professionnels et des amateurs qui font ingurgiter toutes sortes de produits qui finissent souvent par être fatals aux victimes.  Pour tenter d’arrêter la saignée, une loi avait été adoptée en mars 2003, intitulée loi relative à la santé sexuelle et reproductive. L’article 17 de cette loi stipulait ceci : « L’interruption volontaire de grossesse ne saurait en aucun cas être considérée comme une méthode contraceptive.  L’interruption volontaire de grossesse n’est autorisée que dans les cas suivants et sur prescription d’un médecin : lorsque la poursuite de la grossesse met en danger la vie et la santé de la femme enceinte ; à la demande de la femme, lorsque la grossesse est la conséquence d’un viol ou d’une relation incestueuse ; lorsque l’enfant à naître est atteint d’une affection d’une particulière gravité au moment du diagnostic. »

Ainsi donc, le gouvernement actuel n’a pas légalisé l’avortement. Ce sont ces trois raisons fondamentales qui, aux termes de la nouvelle loi, peuvent amener la femme enceinte à solliciter l’avortement. Dans l’opinion publique, nombre de Béninois pensent que l’Etat a autorisé à racler les fœtus  n’importe comment. Hier comme aujourd’hui, une jeune fille qui tombe enceinte ne peut pas légalement solliciter l’avortement parce que l’homme refuse de reconnaître ses faits. De même, ne peut demander l’avortement, par exemple, une femme qui par manque de précaution se rend compte qu’elle est porteuse de grossesse alors qu’elle a encore un bébé dans les bras.

La loi adoptée par les députés ce 21 octobre définit simplement les conditions dans lesquelles l’interruption volontaire de grossesse peut se faire. Ainsi, elle indique que l’avortement ne peut plus être fait au-delà de douze (12) semaines de grossesses. Par ailleurs, elle a prévu des sanctions pour tous ceux qui feraient de l’avortement leur fonds de commerce, par exemple en proposant leurs services, qu’ils soient médecins, pharmaciens ou profanes.

Pierre MATCHOUDO

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