De Rosine Soglo à Claudine Talon : Les Premières Dames, entre Discrétion et Engagement

Être Première Dame n’est pas une tâche aisée. Contrairement au Président de la République, dont le rôle est clairement défini par les textes, la Première Dame doit construire son propre profil et définir sa place aux côtés de son illustre époux. Cette quête d’identité peut parfois susciter des tensions, tant au sein de l’entourage présidentiel que dans l’opinion publique. Au Bénin, ce statut, bien que récent, a été incarné par des femmes aux parcours et aux approches très divers.

En effet, au Bénin, la Première Dame, bien que sans statut juridique, joue un rôle symbolique et parfois concret dans la vie politique et sociale du pays. Son influence, qu’elle soit visible ou discrète, continue de susciter débats et réflexions sur la place des femmes aux plus hauts niveaux de pouvoir.

Rosine Soglo : La pionnière engagée

Le concept de Première Dame a fait son apparition au Bénin plus de 30 ans après l’indépendance, avec l’avènement de la démocratie en 1991. Rosine Soglo, épouse du Président Nicéphore Soglo, a été la première à endosser ce rôle. Femme de caractère, elle s’est rapidement imposée sur la scène politique, créant même un parti politique, la Renaissance du Bénin, pour soutenir son mari. Son engagement politique, parfois perçu comme intrusif, lui a valu de nombreuses critiques. Malgré cela, elle a marqué les esprits par son investissement social, notamment à travers la fondation Vidolé, dédiée à la cause des enfants défavorisés.

Marguerite Kérékou : La discrète influente

À l’opposé de Rosine Soglo, Marguerite Kérékou, épouse du Général Mathieu Kérékou, a choisi la discrétion. De 1996 à 2006, elle s’est tenue à l’écart de la scène politique, se contentant d’accompagner son époux lors des cérémonies officielles. Si elle n’a pas marqué l’histoire par des actions sociales ou politiques visibles, son influence dans les coulisses du pouvoir est souvent évoquée, notamment dans les nominations au sein de l’appareil d’État.

Chantal Yayi : Entre social et politique

Chantal Yayi, Première Dame de 2006 à 2016, a tenté de trouver un équilibre entre engagement social et prudence politique. Proche des associations de femmes et des orphelins, elle a également créé un parti politique avec son frère, feu Marcel de Souza, ancien ministre d’État. Bien que moins controversée que Rosine Soglo, son implication politique n’a pas été sans susciter des interrogations.

Claudine Talon : La discrète bienfaitrice

L’actuelle Première Dame, Claudine Talon, incarne une approche différente. Très discrète, elle évite soigneusement toute implication politique. Pourtant, à travers sa fondation, la Fondation Claudine Talon, elle mène des actions concrètes en faveur des femmes et des enfants vulnérables. Lutte contre les fistules obstétricales, distribution de kits scolaires, construction de latrines… Ses initiatives, bien que peu médiatisées, ont un impact significatif sur le terrain.

Un rôle en constante évolution

Le rôle de Première Dame au Bénin, comme dans de nombreux autres pays, reste en quête de définition. Entre engagement politique, actions sociales et discrétion, chaque épouse présidentielle apporte sa touche personnelle à cette fonction non officielle. Rosine Soglo, Marguerite Kérékou, Chantal Yayi et Claudine Talon illustrent cette diversité de parcours, reflétant les attentes et les défis d’une société en pleine mutation.

Damien TOLOMISSI