Crise à l’UP Le Renouveau : Quelle marge de manœuvre pour Djogbénou ? 

 Crise à l’UP Le Renouveau : Quelle marge de manœuvre pour Djogbénou ? 

La scène politique béninoise est une nouvelle fois secouée par des tensions au sein de l’Union Progressiste-Le Renouveau (UP-Le Renouveau). Le Parti du Renouveau Démocratique (PRD), l’une des principales composantes de cette coalition, a récemment pris des décisions marquant une rupture avec ses alliés. Cette crise ouverte interroge sur l’avenir de l’UP Le Renouveau et place son président, Joseph Djogbénou, dans une position délicate. 

 « Les militants du PRD ne se sentent plus à l’aise au sein de l’UP-Le Renouveau », a déclaré Gratien Ahouanmenou. Cette déclaration intervient dans un contexte où les tensions entre les deux formations politiques semblent s’être accentuées. Le SGA du PRD a révélé avoir envoyé un courrier au ministère de l’Intérieur pour clarifier la situation juridique du parti. Contrairement à certaines interprétations, le PRD n’aurait pas disparu légalement malgré la fusion avec l’UP.  Selon les textes du PRD, une fusion ne signifie pas dissolution. Cette précision est cruciale, car elle permet au parti de conserver son existence légale et, le cas échéant, de se retirer de l’alliance. Ahouanmenou a indiqué qu’une consultation des militants était en cours pour envisager une rupture formelle avec l’UP, une union qu’il juge désormais « inefficace ». 

Une fusion qui n’a pas tenu ses promesses ?

« La fusion avec l’UP n’a pas fonctionné », déplore Gratien Ahouanmenou. Cette affirmation met en lumière les divergences politiques et stratégiques qui minent l’alliance. Initialement, cette fusion devait renforcer le camp présidentiel et offrir une plateforme commune pour les élections. Cependant, les attentes des militants du PRD n’ont pas été satisfaites, et les désaccords se sont multipliés. 

La position du ministère de l’Intérieur concernant la dissolution supposée du Parti du Renouveau Démocratique (PRD) à la suite de sa fusion avec l’Union Progressiste (UP) a suscité une réaction ferme de Me Adrien Houngbédji, président du parti. Dans une lettre argumentée adressée aux autorités, le leader politique rejette catégoriquement cette interprétation et avance plusieurs éléments juridiques et statutaires pour défendre la pérennité du PRD.  Me Houngbédji souligne que le ministère de l’Intérieur a lui-même délivré un récépissé définitif au PRD le 26 août 2022, soit cinq jours après la signature de l’acte de fusion avec l’UP le 21 août 2022. Cette formalité administrative, selon lui, atteste que le PRD n’a pas cessé d’exister à cette date et que l’État a reconnu sa légalité post-fusion. 

Les statuts du parti, adoptés en décembre 2021 et transmis au ministère, stipulent clairement que toute fusion « ne peut pas entraîner la dissolution du PRD ». Ils prévoient également que le parti conserve son nom, son patrimoine, son autonomie et même la possibilité de « constituer un courant au sein de la nouvelle formation ». Ces dispositions rendraient donc impossible une dissolution implicite sans procédure statutaire.  Conformément à l’article 111 des statuts du PRD, la dissolution ne peut être actée que par un vote des trois quarts des membres lors d’un congrès extraordinaire spécifiquement convoqué à cet effet. Or, Me Houngbédji affirme qu’aucune assemblée de ce type n’a eu lieu, ce qui invaliderait toute déclaration unilatérale de dissolution.  Le document du 21 août 2022 est intitulé « acte de fusion » et non « acte de dissolution ». Cette distinction sémantique, selon le PRD, confirme que l’objectif était une alliance politique et non une disparition du parti.  En se référant à l’article 29-9 de la loi n°2018-23, le président du PRD rappelle que les statuts des partis doivent encadrer les mécanismes de fusion et de dissolution. Or, ni les statuts du PRD ni ceux de l’UP ne permettent une dissolution sans un vote en congrès. De plus, aucun document officiel de l’UP ne mentionne la dissolution du PRD, renforçant ainsi la thèse de sa continuité juridique.  Par cette réponse détaillée, Me Adrien Houngbédji entend démontrer que le PRD n’a jamais été dissout et que sa fusion avec l’UP n’a pas altéré son existence légale. Cette controverse pourrait déboucher sur un contentieux administratif ou politique, selon la réaction du ministère. 

Vers une rupture inévitable ? 

Les signes d’une séparation prochaine se multiplient. En effet, les rencontres entre les dirigeants de l’UP et Me Adrien Houngbédji, figure emblématique du PRD, n’ont pas permis de trouver un terrain d’entente. Houngbédji, ancien président de l’Assemblée Nationale, s’est progressivement éloigné de la ligne gouvernementale. Il a publiquement soutenu les revendications de l’opposition, notamment la libération des détenus politiques, le retour des exilés et la révision du Code électoral, qu’il considère comme excluant.  Par conséquent, si le PRD décide de quitter l’UP, les conséquences politiques pourraient être significatives. D’une part, cela affaiblirait l’UP-Le Renouveau, qui perdrait une composante importante de sa coalition. D’autre part, cela pourrait redynamiser le PRD en tant que force indépendante, voire le rapprocher d’autres mouvements d’opposition.  Cependant, une telle décision n’est pas sans risques. Une rupture ouverte pourrait entraîner des représailles politiques ou juridiques, notamment si le gouvernement considère que le PRD outrepasse les règles encadrant les fusions partisanes. 

Par ailleurs, cette situation pourrait inciter d’autres formations à revoir leurs alliances, créant une recomposition inédite de l’opposition. Le PRD, en quête d’autonomie, cherchera sans doute à élargir son influence, mais son succès dépendra de sa capacité à mobiliser au-delà de son socle traditionnel. 

Joseph Djogbénou face au défi de l’unité 

À la tête de l’UP-Le Renouveau, Joseph Djogbénou se retrouve dans une position complexe. Juriste respecté et ancien président de la Cour constitutionnelle, il incarne une figure d’apaisement. Cependant, sa marge de manœuvre semble réduite.  D’un côté, il doit éviter que le PRD quitte le parti. De l’autre, il ne peut pas imposer une unité factice, au risque de mécontenter davantage ses partenaires. Certains estiment cependant qu’une médiation reste possible, à condition que Joseph Djogbénou parvienne à rassembler les différentes sensibilités. Mais le temps presse, et chaque jour qui passe renforce la fracture.  Par contre d’autres lui reprochent déjà un manque de fermeté et le troisième larron salue sa prudence. Dans les prochains jours, ses initiatives seront scrutées à la loupe, car l’avenir de l’UP-Le Renouveau en dépend. 

Quelles perspectives pour l’avenir ? 

Plusieurs scénarios sont possibles : Le maintien sous tension. Primo, le PRD pourrait rester dans l’UP tout en continuant à critiquer ses orientations, ce qui créerait une cohabitation difficile. Secundo, la séparation négociée c’est à dire les deux partis pourraient convenir d’un divorce à l’amiable, évitant ainsi un conflit public.  Et tertio, la radicalisation, plus précis,  si le PRD quitte l’UP et rejoint l’opposition, cela pourrait modifier l’équilibre politique au Bénin. 

La situation actuelle reflète les défis des alliances politiques en Afrique, où les fusions sont souvent fragiles et soumises à des luttes d’influence. Le PRD, en exprimant son mécontentement, montre qu’il refuse de se fondre dans un moule qui ne lui correspond plus. Reste à savoir si cette crise débouchera sur une rupture ou si les deux formations parviendront à trouver un nouveau compromis.  Une chose est sûre, les prochaines semaines seront décisives. Entre dialogue et fermeté, Joseph Djogbénou devra trouver le bon équilibre pour préserver l’avenir de l’UP-Le Renouveau. 

LA REDACTION

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