Le gouvernement multiplie, depuis quelques années, des initiatives pour promouvoir les produits locaux. Le ‘’consommons local » est devenu un appel fort lancé à chaque citoyen béninois pour l’essor du pays sur tous les plans.
« C’est difficile de convaincre le Béninois à adopter ce qui est produit chez lui », confie Félicien Hadégbé, promoteur d’une entreprise de fabrication des chaussures made in Benin à Adjohoun. Il raconte qu’au début de son aventure de production locale qu’il a eu d’énormes difficultés « à avoir de la clientèle compte tenu de la concurrence avec les chaussures ». Il relève ainsi, la difficulté pour les promoteurs de produits locaux de s’en sortir. Mais, il a réussi à inverser cette tendance. « Après, les gens ont compris qu’il fallait se procurer les chaussures locales pour raison de la qualité et le prix abordable. Cela me permet aujourd’hui de joindre les deux bouts et d’accroître ma production », a-t-il fait savoir.
Chaussure fabriquée au Bénin
Selon François Ganhounso, Gestionnaire des entreprises de formation, il urge d’accorder à tout prix une priorité aux produits locaux, seul gage pour le développement sûr et durable du Bénin. « Celui qui achète un produit local permet au producteur de mieux s’épanouir. Car, ce dernier va être en mesure de subvenir aux besoins de sa famille. Et lorsque sa famille se porte bien, la société va mieux et le développement de la nation devient une réalité », explique-t-il avant d’ajouter « Pour y parvenir le consommateur béninois doit se refuser de tailler d’importance aux produits exportés dont les prix sont aussi en défaveur de ceux produits localement ».
Des produits locaux
Facteur de la hausse du PIB
Les produits locaux sont ceux issus des entreprises locales. Leur consommation est le fondement de l’économie béninoise. Elle fait partie intégrante de la création de la richesse sans recourir aux revenus externes. Ce qui va du coup contribuer à l’amélioration du bien-être général des populations.
La grande consommation des produits made in Benin permet aux entreprises nationales de booster leurs chiffres d’affaires. À titre illustratif, la promotion intensive de tchoukoutou (boisson alcoolisée fabriquée à base du Sorgho) prisé dans plusieurs localités du Nord Bénin appelle, selon l’agroéconomiste Emile Houngbo, à l’augmentation de la culture du Sorgho. Il poursuit : « Ce qui du coup améliorerait le revenu et les conditions de travail des producteurs de cette manière première ».
Des mets et boissons locaux
Il estime que « l’amélioration des conditions des producteurs du Sorgho prenant le cas de tchoukoutou induira l’accroissement des investissements dans les facteurs de production de ces deux produits ». L’enseignant chercheur à l’Ecole d’Agrobusiness et de Politiques Agricoles (EAPA) Université Nationale Agricole (UNA) relève que « les techniques culturales et les technologies de stockage, de conservation et de transformation du Sorgho vont s’améliorer quantitativement et qualitativement ».
Le Docteur Emile Houngbo indique que les investissements vont permettre de développer des technologies de production performantes et adaptées pour déboucher sur une intensification de l’agro-industrie. L’accroissement des investissements va donner lieu à des revenus capables de générer des taxes et d’impôts au profit de l’État. La conséquence directe est leur contribution au budget national pour la construction des infrastructures de tout genre. Il en est de même pour les agriculteurs en général. La grande consommation de leurs produits peut aussi les inciter à faire une production à l’échelle pour mieux alimenter nos marchés primaires et au-delà des frontières.
Des liqueurs fabriquées au Bénin
Une réponse au chômage
Donner la priorité aux produits locaux peut dans une certaine mesure diminuer le taux de chômage à l’intérieur du pays. Ceci à travers l’emploi d’un plus grand nombre de travailleurs par les entreprises locales. « Elle permet aussi aux entreprises productrices de ses output de pouvoir rester longtemps sur notre territoire et de participer plus longtemps à l’animation de l’économie de notre pays », précise le gestionnaire des entreprises de formation, François Ganhounso. Une position soutenue par Nicolas Touko, exploitant agricole et président de la Coopérative de Développement Agricole (CDA- NOUGNON). Se basant sur son expérience, il fait savoir que la promotion des produits locaux est une réponse considérable à la création des emplois. « La consommation locale est un facteur déterminant de l’animation de l’économie locale. Chacun doit comprendre que c’est en consommant les produits locaux, que la production va augmenter et sur toute la chaîne (Production – Transformation – Commercialisation) les emplois seront créés », fait-il remarquer. « La consommation locale participe énormément à la création d’emplois, l’éclosion des projets d’innovation source de développement à la base, l’animation de la vie économique locale car l’argent au lieu d’être transféré à l’étranger reste au pays. ».
Mais, pour amener les Béninois à consommer local, il faut que les autorités à divers niveaux offrent des possibilités et des facilités pour les producteurs locaux en leur permettant grâce à des appuis de croître leur production afin de couvrir la grosse demande des consommateurs. Ce que le gouvernement du président Patrice Talon fait déjà à travers plusieurs initiatives dont l’instauration du « Mois du consommons local » qui a lieu tout le mois d’octobre depuis trois. Une occasion propice non seulement pour les promoteurs d’entreprises locales de mettre leur savoir-faire à la face du monde sur toute l’étendue du territoire mais aussi de permettre au public de découvrir le génie béninois en matière de production locale.
Edmond HOUESSIKINDE