Code électoral béninois : Quand 61 % des voix ne donnent aucun député

Jean-Baptiste Elias, président du Front des Organisations Nationales contre la Corruption (FONAC), a secoué le débat politique béninois lors de son passage sur ESAE TV ce samedi 24 mai 2025. Face à des députés des trois principales formations politiques du pays, il a démontré, chiffres à l’appui, les effets controversés de l’article 146 du Code électoral en vigueur.
Dans un exercice pédagogique, Jean-Baptiste Elias a imaginé un scénario pour les législatives de janvier 2026 : « Le Parti A, seul en lice, obtient 61,95 % des voix au niveau national, avec des scores écrasants dans 23 circonscriptions sur 24. Mais dans une seule circonscription (la 21e), il ne recueille que 15 % des suffrages. Résultat ? Aucun siège à l’Assemblée nationale, en application de l’article 146, qui impose un minimum de 20 % par circonscription pour être éligible ». À l’inverse, les Partis B, C et D, avec seulement « 10 % des voix chacun, pourraient rafler tous les siège à condition d’avoir formé une coalition avant le scrutin ». « Celui qui a 61 % n’a aucun député. Celui qui a 10 % ou moins peut siéger. C’est ça, le problème ! », a tonné le président du Front des Organisations Nationales contre la Corruption dénonçant une distorsion de la représentation démocratique.
Les défenseurs du système se justifient
Les députés pro-Talon, Armand Gansè (Bloc Républicain) et Maixent Djeigo (Union Progressiste le Renouveau), ont défendu le texte. Selon eux, l’objectif est de briser le régionalisme politique et d’obliger les partis à s’implanter sur tout le territoire. Mais pour Jean-Baptiste Elias, le risque est grand de voir une majorité de votants privée de représentation. « Le peuple qui accorde 61 % à un parti ne verra aucun député le représenter. Est-ce cela une démocratie ? », interroge-t-il.
Un débat national à enclencher ?
Avec cette démonstration choc, le président du FONAC appelle à réexaminer l’article 146, sous peine de voir les législatives de 2026 dévoiler un paradoxe dangereux : un système conçu pour structurer la vie politique, mais qui pourrait exclure ceux qui remportent les suffrages. La balle est désormais dans le camp des législateurs. Vont-ils corriger le tir… ou laisser le paradoxe s’installer dans les urnes ?
Arnaud ACAKPO (Coll)