Les femmes bariba veulent plus de responsabilité dans les chefferies traditionnelles. C’est ce qui ressort d’une rencontre de femmes réunies à Nikki avec Mariam Chabi Talata Zimé Yérima, première vice-présidente de l’Assemblée Nationale le weekend écoulé.
Damien TOLOMISSI
Elles sont venues de Kika, Sandilo, Kouandé, Djougou, Kpantrossi, Kèrou, Banikoara. Autour de l’impératrice de Nikki, ces notables des royaumes bariba ont adressé leur message aux autorités politiques locales mais aussi nationales représentées par Mariam Chabi Talata Zimé Yérima, première vice-présidente de l’Assemblée Nationale. Le message est double. D’abord la gratitude à Patrice Talon et à son gouvernement ainsi qu’à l’assemblée nationale pour le pas posé vers la reconnaissance des chefferies traditionnelles en République du Bénin. L’appel vise aussi à attirer l’attention de l’exécutif béninois et de tous les acteurs impliqués dans la prise en compte de la notion du genre dans cette reconnaissance des chefferies traditionnelles.
C’est au détour d’une séance d’échanges au troisième jour de la nouvelle année des peuples du Baru Tem que l’impératrice de l’empire de Nikki et les notables des différents royaumes bariba ont réfléchi sur la place accordée à la gente féminine au sein des organes de prise de décision de la royauté de cette entité ethnique.
Cette rencontre s’inscrit dans le cadre de l’initiative gouvernementale de valorisation de la chefferie traditionnelle inscrite dans la Constitution de la République du Bénin. Au début de leurs travaux, les femmes ont d’abord salué l’initiative et témoigné leur gratitude aux autorités.
Les différentes communications qui ont ponctué cette rencontre ont fait ressortir qu’au sein de la noblesse Baatonu, les femmes ont toujours joué un rôle de premier plan. « L’existence d’institutions telle que les reines-mères dont les fonctions transcendaient la sphère de la figuration en est incontestablement l’illustration », ont-elles rappelé en ajoutant que « s’il est vrai que la colonisation a profondément impacté les structures socio-politiques traditionnelles, il n’en demeure pas moins que ces institutions témoins du rôle prépondérant jadis joué par les femmes, peuvent aujourd’hui encore servir de leviers pour la promotion à la base de la femme ».
Selon l’explication de la fonction de la femme dans les royaumes Bariba, l’impératrice joue un rôle de premier plan au même titre que l’empereur. « Dans l’organisation de l’Empire du Baru Tem, au regard de l’influence de la Yon Kogui sur le fonctionnement des institutions ainsi que de ses attributions et fonctions, le titre de « reine-mère’’ ne saurait équivaloir au concept de ‘’Yon Kogui’’. Etant la cousine d’une autre lignée de l’Empereur, disposant des mêmes attributs et ayant les mêmes prérogatives, la Yon Kogui a rang d’impératrice. La question des relations entre la Yon Kogui et l’Empereur ne se pose pas en termes de hiérarchie. Les deux institutions ont été pensées comme complémentaires. L’empereur est indiscutablement la première autorité du royaume mais son statut ne lui donne cependant pas un pouvoir de commandement sur la Gnon Kogui qui, du point de vue statutaire n’est pas une subordonnée.›› ont-elles exposé. Néanmoins, il reste encore des responsabilités à conquérir par les femmes. Aussi, ces dernières ont-elles lancé un appel à la prise en compte du genre dans les autres sphères des instances de prises de décisions.
Mariam Chabi Talata Zimé Yérima, une représentante avisée La première vice-présidente de l’Assemblée Nationale a reconnu la légitimité de l’appel de Nikki. En réponse au plaidoyer, elle a rappelé l’histoire de l’influence des femmes dans d’autres royaumes en Afrique. Elle s’est engagée à rendre audible cet appel auprès de ses pairs car ayant participé à la rédaction de cette disposition de la constitution qui prend en compte la chefferie traditionnelle. « C’est fort de cela qu’ayant joué ma partition d’élue du peuple dans le vote de la loi citée plus haut et produit un documentaire sur la Yon Kogui, je me devais de participer à la présente rencontre », a-t-elle conclu.