Causerie entre femmes handicapées : « L’objectif est de formuler des recommandations et de mettre en place un plan d’action », dixit Ursule Adjou Yayi

Ursule Céline Adjou Yayi, angliciste de formation et gestionnaire de projets, et spécialiste en gouvernance et management des organisations de la société civile, œuvre pour une meilleure reconnaissance des droits des femmes handicapées au Bénin. A l’initiative d’une causerie réunissant ces femmes autour de leurs défis et perspectives, elle milite pour une inclusion sociale effective. Dans cette interview, elle revient sur les raisons de cette initiative, les thématiques abordées et ses attentes vis-à-vis des autorités et de la société civile.
Cette rencontre vise à mettre en lumière les défis spécifiques que rencontrent les femmes handicapées dans l’exercice de leurs droits. L’idée est née après la distinction que m’a attribuée le Réseau des Femmes d’Impact en tant que femme handicapée influente. Cette reconnaissance a renforcé mon désir de travailler avec ces femmes et de faire entendre nos voix. Les avancées législatives récentes au Bénin, notamment l’adoption des décrets d’application de la loi sur la promotion et la protection des personnes handicapées, constituent une opportunité précieuse. Il est crucial que ces décisions s’appuient sur des données précises, reflétant les besoins réels des personnes handicapées, en particulier des femmes qui subissent une double discrimination. Cette causerie permet aussi d’échanger sur les expériences des femmes handicapées qui ont réussi à s’imposer socialement, professionnellement et même dans leur vie conjugale. Comment ont-elles surmonté les obstacles ? Ces témoignages sont une source d’inspiration pour d’autres.
Quelles sont les thématiques abordées lors de cette rencontre ?
Les échanges s’articulent autour de plusieurs sujets majeurs notamment la perception de la femme handicapée dans la société ; les violences basées sur le genre (Vbg) qu’elles subissent ; les opportunités offertes par la loi et les institutions ; le droit à la carte d’égalité des chances. L’objectif est de formuler des recommandations et de mettre en place un plan d’action afin de structurer un engagement collectif et progressif.
Un appel à adresser au gouvernement béninois, aux OSC et au public ?
Au gouvernement du Président Patrice Talon, je tiens à adresser mes félicitations pour les avancées significatives en matière d’inclusion sociale des personnes handicapées. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire. Nous demandons à être écoutées et à participer aux prises de décisions. Il est temps de dépasser l’approche caritative pour mettre en place des politiques structurelles d’intégration. Aux organisations de la société civile (OSC), je recommande d’accorder une plus grande attention aux personnes handicapées en les impliquant directement dans l’élaboration des initiatives qui les concernent. Trop souvent, les besoins des personnes handicapées sont définis sans leur participation effective. Enfin, aux femmes handicapées, je lance un appel à l’unité et à l’entraide. Nous devons nous regrouper, partager nos expériences et nous soutenir mutuellement. Nous sommes des femmes fortes, capables de contribuer au développement du pays. Il est temps de briser les stéréotypes et de faire entendre notre voix.
Patrice ADJAHO
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