Bénin/Mouvance présidentielle : La guerre des clans

Le glas serait-il en train de sonner pour les différents partis politiques soutenant les actions du chef de l’Etat, Patrice Talon ? En tout cas, force est de constater que deux semaines après le KO réalisé par le chantre de la Rupture, la réponse du berger à la bergère entre certains acteurs de la mouvance montre que le courant ne passe pas bien. C’est le cas entre Jacques Ayadji, président du Mouvement des Elites Engagées pour l’Emancipation du Bénin (MOELE-Bénin) et  l’honorable Orden Alladatin, membre du bureau politique de l’Union Progressiste (UP).

Le marigot de la mouvance en ébullition. La présidentielle de 2021 est loin mais déjà dans toutes les têtes avec, à la clé, l’enjeu du nombre de places dans le prochain gouvernement et les prochaines élections législatives de 2023. En effet, reçu le dimanche 2 Mai 2021 dans l’émission “L’Entretien“ de la chaîne de télévision E-télé, le président de la commission des lois de l’assemblée nationale et membre fondateur de l’Union Progressiste, a indiqué que son parti qui est, l’une des plus deux grandes forces politiques au Bénin, n’entend pas faire de concessions au Bloc Républicain, mais surtout aux trois autres partis qui soutiennent les actions du Chef de l’Etat béninois.  « C’est la collaboration avec le président de la République que nous avons en partage… », a-t-il déclaré. Il a par ailleurs invité les  partis satellites (qu’il n’a nommément cité) qui n’ont pas, à l’en croire, une assise nationale et qui ne sont pas sûrs de réunir les 10 % aux élections législatives prochaines de se fusionner à d’autres partis. « Un parti qui n’est pas sûr d’avoir les 10%, qu’il ne s’entête pas. Qu’il fédère son potentiel avec d’autres pour espérer être en règle avec cette disposition du Code électoral », a-t-il suggéré.

Une déclaration qui n’est pas du goût de Jacques Ayadji,  président du Mouvement des Elites Engagées pour l’Emancipation du Bénin (MOELE-Bénin). Il n’a pas hésité à réagir sur Radio Tokpa ce mercredi 5 mai 2021 dans l’émission “La Caravane du matin”.

La réponse du berger à la Bergère.

« Je voudrais dire à Orden que des fois, on peut périr avec ses convictions. Ce chantage ne marchera pas avec MOELE-Bénin », a déclaré Jacques Ayadji. Il fustige la méthode utilisée par le député Orden Alladatin. « Même si les partis dont il est question devraient aller vers ceux dont on parle, ce n’est pas la méthode », a-t-il indiqué tout en ajoutant que  « MOELE-Bénin n’a pas eu besoin de chantage avant de donner la main à l’Union Progressiste (lors des communales de 2019, ndlr) ».

Très remonté, il s’interroge « Quelle est la preuve que ce qui se dit par rapport à MOELE-Bénin, au PRD et à l’UDBN n’est pas valable pour les deux blocs ? Qu’est-ce qui prouve que lorsqu’on ira aux élections, ces deux partis auront les 10%. Les élections législatives de 2019 ne peuvent pas être un repère ».

Le président du Mouvement des Elites Engagées pour l’Emancipation du Bénin invite le Chef de l’Etat à rappeler à l’ordre l’honorable Alladatin. « Il faut que le Chef de l’État rappelle Monsieur Alladatin à l’ordre. C’est une manière de semer la zizanie dans la mouvance », a-t-il souligné.  Aussi rappelle-t-il, « on nous a demandé la dernière fois, à moins d’une demi-journée de l’ouverture des bureaux de vote de désigner 546 superviseurs d’arrondissement. Nous l’avons fait sur un claquement de doigt. Cela veut dire que sur le plan de la couverture du territoire, il n’y a pas d’arrondissement dans lequel MOELE-Bénin n’est pas présent ». Pour terminer, il martèle qu’il urge de maintenir la cohésion au sein de la mouvance présidentielle, gage de réussite du second quinquennat du président Patrice Talon. « Je demande au Président de la République de nous rappeler à l’ordre dans la famille qui l’entoure. Pour le quinquennat qui commence, nous avons besoin de la cohésion pour conduire correctement le mandat que le premier des Béninois vient de donner à la majorité présidentielle. »

La face invisible de l’iceberg

Au regard de ces déclarations, on peut tenter de dire que l’entente affichée entre les partis politiques soutenant les actions du chef de l’Etat lors de la récente campagne présidentielle n’est que l’arbre qui cache la forêt. Car c’est désormais évident que ces formations politiques ne se regardent pas seulement derrière les rideaux en chiens de faïence mais plutôt en adversaires déclarés, dans l’optique de mieux se positionner. Ce qui est certain, les prochaines élections législatives promettent.

Damien TOLOMISSI