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Augmentation des prix des produits alimentaires : Les paysans se frottent les mains

Au moment où les citadins tirent le diable par la queue pour joindre les deux bouts, les paysans semblent, à ce jour, insensibles à l’augmentation continue des prix des produits de grande consommation.

Nous sommes dans un village de Tchatchou, une trentaine de kilomètres au sud de Parakou. Indolents, les paysans revenus des champs sont assis autour d’une vendeuse d’igname pilée, en train de deviser et d’acheter. Avec 300 francs, le client a de quoi se remplir le ventre, igname pilée et viande compris. Ici comme ailleurs dans les villages et hameaux des Collines et des quatre départements du nord Bénin (Borgou, Alibori, Atacora et Donga), la situation est la même, à quelques exceptions près. L’inflation semble être le dernier souci des habitants.

Certes, ils dépensent plus pour certaines commodités venues des villes mais cela n’affecte guère leur pouvoir d’achat. Les produits de grande consommation sont disponibles, en abondance. Et dans certains milieux très enclavés, l’état des routes ne permet pas de liquider facilement le surplus de cultures.

Pour l’alimentation, les produits de base les plus utilisés sont le maïs, l’igname, le manioc, le sorgho et le haricot. En somme, des cultures locales propres aux départements du septentrion et des Collines. Consommés en grande quantité dans les villes, le riz est pour sa part considéré comme l’aliment des fainéants et même des oiseaux dans la plupart des zones rurales. Du coup, les paysans n’ont aucune difficulté à joindre les deux bouts puisqu’ils ne font que prélever les excédents pour nourrir leur famille. Avec les changements climatiques, de plus en plus d’agriculteurs se sont aussi lancés dans les cultures maraichères, ce qui réduit presque à néant leurs dépenses alimentaires.

Dans le même temps, les cultures de rente sont une source de revenus de plus en plus importantes à mesure où l’inflation devient galopante. Au nombre des produits d’exportation les plus cultivés figurent le coton, le cajou et le soja qui sont omniprésents dans ces départements. Vendu à moins de 20.000 francs en début de saison, le sac de soja se négocie largement au-delà des 50.000 francs après quelques mois, ce qui constitue une manne pour les paysans qui, déjà, n’ont guère à débourser de l’argent pour leur alimentation. Dans l’Alibori, il n’est pas rare qu’un paysan gagne jusqu’à 10 millions après une saison de production de coton et de maïs.

Les revenus engrangés avec la commercialisation des produits de rente et des excédents en produits alimentaires permettent aux ruraux de faire face sans grande difficulté aux besoins pour lesquels ils sont peu outillés. Il s’agit notamment de la santé et de l’habillement.

Comprenant tout le profit qu’ils peuvent tirer de cette situation, de plus en plus de commerçants s’installent dans les villages pour vendre des gadgets que cette clientèle achète avec plaisir au moment même où les citadins n’ont pour seule préoccupation de pouvoir nourrir leur famille.

Il est donc évident que l’augmentation du prix des produits de grande consommation arrange avant tout les habitants des zones rurales, ceux-là mêmes qui sont généralement peints comme les pauvres des pauvres.

Pierre MATCHIOUDO

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