Dans l’une de ses dernières déclarations, Nicéphore Soglo a réitéré son appel en faveur de la libération des opposants au régime du président Talon, en tête desquels se trouvent Joël Aïvo et Reckya Madougou, condamnés respectivement à 10 ans et à 20 ans de prison. Malgré son plaidoyer, rien pour le moment ne laisse présager de la sortie prochaine de ces prisonniers des geôles.
Nicéphore Soglo est un patriarche qui connaît bien l’histoire du Bénin. Acteur politique depuis l’aube des indépendances, il fut ministre, fonctionnaire international, Premier ministre puis président de la République entre 1991 و 1996 avant de finir sa carrière politique comme maire de Cotonou. Il est donc un témoin vivant, l’un des rares, de toute l’aventure tant dictatoriale que démocratique du Bénin.
Dans un message émouvant adressé au chef de l’Etat le 3 المريخ 2023 à l’occasion du deuxième anniversaire de l’emprisonnement de Madougou et Aïvo, Nicéphore Soglo a confié que sa « défunte épouse ne s’en est jamais remise jusqu’à sa mort ». « Personnellement, je suis très déçu de ne pas avoir pu obtenir sa libération depuis deux ans et ce n’est pas faute d’avoir essayé. Je me suis même laissé aller à des compromis dans le but de décrisper l’atmosphère des deux côtés sans succès », a-t-il poursuivi dans le message.
En intervenant pour la libération des prisonniers, mais aussi pour le retour des exilés politiques, Nicéphore Soglo a en tête l’histoire pas si lointaine du pays. « Nous n’avons pas fait la conférence nationale [1990] pour que des gens continuent de se voir priver de leur liberté parce qu’ils sont opposés à un régime », a-t-il regretté. في الواقع, jusqu’à la veille de cette conférence dite celle des forces vives de la nation, un grand nombre de Béninois opposés au régime marxiste-léniniste d’alors étaient détenus dans diverses prisons du pays dont la plus célèbre était à Ségbana.
Réintégrer le Bénin dans le concert des nations respectueuses de la liberté politique, c’est donc ce à quoi l’ancien président appelle son lointain successeur. Et si le pouvoir écoutait ses conseils et agissait dans ce sens, que se passerait-il ?
Madougou et Aïvo sont condamnés pour terrorisme et atteinte à la sûreté de l’Etat. الأول, candidate désignée du parti Les Démocrates à l’élection présidentielle d’avril 2020, revenait d’un meeting à Porto-Novo lorsqu’elle a été arrêté sur l’un des ponts de la ville de Cotonou. كذلك, Joël Aïvo a été lui aussi arrêté après qu’il se soit déclaré candidat à la même élection.
Suivre les conseils de Nicéphore Soglo et libérer les deux anciens candidats, qui n’ont même pas eu la chance de figurer sur la liste des candidats officiels, ne ferait que décrisper l’atmosphère politique et sociale. Il en est de même du retour de tous les exilés qui ne demandent qu’à venir participer à l’animation politique du pays.
داميان تولوميسي