Pour faire voir aux populations les réalisations du régime actuel, nombre des membres des équipes de reddition des comptes dépêchés par le gouvernement depuis le 26 mai 2023 se sont sentis obligés de rabaisser les anciens présidents de la République. Et demain, ils feront la même chose au président Talon lorsqu’il ne sera plus au pouvoir.
Les médias ont largement commenté les propos du ministre des Petites et moyennes entreprises, lors d’une étape de la tournée de reddition des comptes par le gouvernement débuté le 26 mai 2026. A Boukoumbé dans l’Atacora, Modeste Kérékou a dit aux populations que « ce qui a été fait en 8 ans de 2016 à aujourd’hui 2024, n’a même pas été fait dans le pays depuis 1960 ».
Si cette simple remarque a pu déclencher des commentaires acerbes dans les médias et les réseaux sociaux, c’est parce que Modeste est le fils de Mathieu Kérékou, l’homme qui a dirigé le Bénin 28 années durant et à qui le pays doit une démocratie pendant longtemps modèle en Afrique. Le fils a ainsi balayé d’un revers de la main tous les efforts de son père mais aussi de l’ensemble de ceux qui ont dirigé le pays. Ce qui révolte le plus les nombreux commentateurs, c’est qu’en plus d’être le fils de son père, Modeste Kérékou fut ministre dans le gouvernement du président Yayi Boni qui a dirigé le pays de 2006 à 2016.
En réalité, ce ministre n’est que la caricature personnifiée de nombreux hommes politiques du Bénin. Prêts à changer de veste, ils n’hésitent pas à cracher dans la soupe dont ils se sont délectés quelques instants plus tôt. Beaucoup se souviennent de cet ancien ministre qui chantait les éloges de l’ex-président Yayi Boni, invitant la population à suivre les mouvements de ce dernier comme dans une danse coordonnée. Ou de ce député érudit proclamé et fin observateur de la météo politique pour s’orienter vers la bonne direction.
Aujourd’hui, la plupart de ceux qui sont autour du président Patrice Talon ont passé leurs beaux jours avec l’ancien président Yayi Boni. Tandis que certains ont occupé des postes ministériels, d’autres ont été positionnés à l’Assemblée nationale ce moment ou à diverses fonctions au sein de l’appareil d’Etat
La tournée de reddition des comptes se déroule à moins de deux ans de la fin du second et dernier mandat du chef de l’Etat. Les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets, il est évident que, parmi ceux qui chantent aujourd’hui les éloges du président de la République beaucoup vont se retourner contre lui au lendemain de l’élection présidentielle. Ainsi va le Bénin, que cela révolte ou non. Le président Patrice Talon devrait se préparer à subir l’ingratitude même de la part des personnes qu’il a sorties de l’ombre.
Pierre MATCHOUDO