Akponna Gate : Des excuses et après ?

 Akponna Gate : Des excuses et après ?

Akponna Gate ! C’est le dossier qui secoue la mouvance présidentielle depuis quelques jours. Ce dossier du nom du ministre, sinon du désormais ex-ministre de l’énergie, de l’eau et des mines, suite à ses déclarations tenues à Parakou le 21 juin dernier. Si le gouvernement a réagi en le déchargeant de son fauteuil, la tempête ne semble pas se calmer de sitôt. La principale personne indexée par ses propos assigne Paulin Akponna pour diffamation et réclame déjà réparation tandis qu’à l’affût comme un chasseur de proie, l’opposition s’en mêle avec délectation. Voici un feuilleton qui visiblement va embarrasser l’exécutif à quelques mois des élections générales de 2026.

Alors que Chef de l’Etat était en pleine tournée hors du territoire national (Cote d’ivoire et Brésil), la toile s’enflamme avec une déclaration de son ministre Paulin Akponna. Ce dernier a dit, urbi orbi devant des populations des quartiers Titirou, Okedama et Korobororou de la ville de Parakou, que ‘’des dizaines de milliards’’ destinés à donner l’électricité et l’eau aux citoyens ‘’sont siphonnés’’ par des responsables commis à la tâche au ministre de l’énergie, de l’eau et des mines. Un dossier ‘’caché au chef de l’Etat ‘’ a-t-il ajouté. Au prime abord, il y a une confusion qui règne autour des circonstances dans lesquelles Paulin Akponan a tenu ses propos. Alors que d’aucuns disent qu’il était en mission républicaine, d’autres thèses affirment le contraire. En tout cas, Paulin Akponna arborait une casquette aux couleurs du Bloc Républicain (Br), le parti politique auquel il appartient. Il avait aussi à ses côtés Rachidi Gbadamassi, un camarade, ministre conseiller et membre du même parti et autres cadres, tous vêtus à propos. Dès lors, la presse a mis à topo ses déclarations.

Les réactions et des actes

Aussitôt que la presse a révélé ses propos et que la toile en fait écho, le principal parti d’opposition s’en est mêlé et le gouvernement a agi. Le 26 juin, Paulin Akponna est limogé et remplacé par José Tonato. Un ministre qui cumule les portefeuilles du Cadre de vie, du développement durable et des transports, à la fois. Dans une interview accordée à la presse (Bip Radio), le secrétaire général adjoint et Porte-parole du gouvernement a donné les raisons de cette décision express du Chef de l’Etat Patice Talon. « Le Président considère que si les propos qu’il a tenus ne relèvent pas d’une logique de guerre de leadership politique, compte tenu de leur gravité, M. Akponna doit être délié de toute obligation de réserve ou de tout devoir de solidarité envers les membres du gouvernement pour apporter toutes informations utiles à la justice », a rapporté Wilfried Léandre Houngbédji. Il a ajouté que le gouvernement n’a pas connaissance des faits de détournement dont a fait cas Palin Akponna et qu’il n’a jamais informé le Chef de l’Etat de son constat avant sa déclaration du 21 juin 2025 à Parakou.

….de l’opposition et de la mouvance

Mais bien avant le limogeage de Paulin Akponna, un groupe de députés du parti Les Démocrates a donné le ton en demandant des clarifications au gouvernement. Malgré l’acte de l’exécutif, Les Démocrates ne démordent pas. A l’occasion d’une déclaration publique faite le vendredi 27 juin 2025 au siège du parti à Cotonou, un chapelet de questions est adressé au gouvernement avec comme préoccupation centrale « le ministre est-il limogé pour avoir dit la vérité, ou parce que ses déclarations dérangeaient et mettaient à nu les pratiques de ce régime ?’’ Pour le parti d’opposition, que voulait révéler Akponna, expert-comptable, ‘’en parlant du siphonnage de plusieurs milliards probablement commis par son prédécesseur ? Ses propos ne confirment-ils pas toutes les dénonciations faites depuis des années par « Les Démocrates »’’, interroge-t-il. Pour finir, le parti de Boni Yayi dit encourager et soutenir ses députés dans leur demande de mise en place d’une commission d’enquête parlementaire et les invite à utiliser toutes les possibilités du règlement intérieur du Parlement pour éclairer le peuple béninois. 

Il faut noter que la chapelle politique de Paulin Akponna, le Bloc Républicain (Br), l’un des partis phares de la mouvance présidentielle, ne sait pas tu sur la polémique. Dans un communiqué publié ce 26 juin 2025, il a publiquement pris ses distances avec les déclarations tenues par son militant. « De telles attaques publiques personnelles dirigées contre un camarade membre du même parti ne sont pas acceptables », a émis la direction du Br, qui juge que les déclarations du ministre Akponna « ne reflètent aucun esprit républicain, de solidarité ni d’unité ».C’est donc à cet effet que le parti, par la voix de son vice-président chargé de la communication, dit tenir Paulin Akponna « pour seul responsable de ses propos, aussi bien dans leur forme que dans leur fond » ajoute le communiqué. La position du Br est donc claire.

Il s’en suit la contre-attaque de Samou……

Accusé d’avoir siphonné les caisses de l’état, Samou Séidou Adambi a aussi réagi. Il a porté plainte, par voie d’huissier le vendredi 27 juin 2025, contre Paulin Akponna pour “diffamation”. Il a saisi la justice selon Bip Radio, repris par Fraternité. Il l’accuse son successeur d’avoir formulé des « allégations sans fondement pour porter atteinte à sa réputation », et à le présenter comme « un corrompu et un détourneur des fonds publics », lit-on. L’ancien ministre Samou Séidou Adambi souligne dans sa plainte que « les imputations fausses, calomnieuses et méprisantes » lui ont causé d’énormes préjudices. De ce fait, Samou Séidou Adambi a décidé de se constituer partie civile au procès à venir. Selon les mêmes sources, Paulin Akponna sera auditionné le 16 juillet 2025.

…..Et des excuses d’Akponna…..

Apres avoir situé le contexte de sa déclaration (une activité du Parti Bloc Républicain, organisée par le Ministre Conseiller Rachidi Gbadamassi), il a reconnu avoir ‘’gafé’’. Il a présenté, à travers un communiqué de presse, ses excuses au gouvernement, à l’ex ministre Séidou Adambi et à son parti le Bloc Républicain. « Au cours de nos échanges et particulièrement à l’étape du quartier Korobororou, j’ai eu à parler de siphonage du budget national portant sur des dizaines de milliards de nos francs CFA. Avec un léger recul, je mesure la gravité de ces propos dont j’assume l’entière responsabilité. » A l’en croire « Les interprétations données par les uns et les autres (à juste titre) de mes propos tendent à accuser mon prédécesseur. Ce qui n’est ni juste ni fondé » a ravalé Paulin Akponna. S’il ajoute qu’ « Aucune preuve ne sous-tend mes propos si ce ne sont des souvenirs des cas dont je ne suis pas témoin et qui sont pendants devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET) », pour beaucoup d’analystes, le ver semble être dans le fruit et surtout dans sa phrase qui évoque la Criet. Il a souligné des cas de mauvaises gestions existes et dont la justice est informée.

….Et après ?

Dans la foulée, Paulin Akponna sort un communiqué dans lequel il fait son mea culpa. Visiblement remis de ses émotions et contraint. Mais quel est le poids de ses excuses à l’heure actuelle ? C’est une interrogation sur beaucoup de lèvres. Ceci dans la mesure où le secrétaire général adjoint et porte-parole du gouvernement avait déjà annoncé les couleurs en disant que l’ex-ministre est écarté du gouvernement pour lui permettre de se mettre à la disposition de la justice pour justifier ses allégations.  L’affaire prend donc une nouvelle tournure. Que fera Samou Adambi, le principal accusé dans ce dossier de prévarication de deniers publics ? Mais au-delà de la personne de l’ex-ministre Samou Adambi, que fera le parti politique dont-ils sont tous membres ? Si on sait que le ministre Adambi a eu des sanctions il y a quelques mois en arrière pour des actes tendant à déstabiliser l’esprit du système partisan, quel sort sera réservé à Paulin Akponna dans un contexte pareil ? Oui ! le Br a déjà désapprouvé ses propos mais cela va-t-il s’arrêter à de simples mots (ndlr) ? Quel sort sera réservé à son camarade de terrain, le ministre Conseiller Rachidi Gbadamassi puisque c’est lui qui a invité Paulin Akponna et ils étaient ensemble au moment des faits ? Que dire de la justice car, dans une démocratie sérieuse, de pareils dossiers font objet d’autosaisie ? Avec l’avènement du Haut-Commissariat à la prévention de la corruption, tout l’arsenal législatif et juridique existe pour que la lumière soit faite sur cet épineux dossier dans les prochains jours et mois.

Arnaud ACAKPO (Coll)

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