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Accidents sur l’axe Cotonou-Dassa-Malanville : Pour en finir

Le Bénin n’a pas fini de compter les morts après l’accident de la circulation qui s’est produit dimanche 29 janvier à Dassa-Zoumé et au cours duquel 20 personnes sont décédées dont 19 calcinées. D’après des sources médicales, certains blessés ont succombé après avoir été admis pour des soins intensifs. Pour comprendre les circonstances de ce drame ayant impliqué un bus de la compagnie Baobab et un camion, le gouvernement a ouvert une enquête avec la détermination d’en tirer toutes les conclusions afin d’éviter de pareils tragédies.

Mais ce n’est pas la première fois que les cars de transport public sont impliqués dans des accidents de la circulation sur la route reliant Cotonou à Malanville et qui constitue l’épine dorsale du Bénin. En plus de ces moyens de voyage particulièrement prisés par les clients, pour les nombreux camions, voitures individuelles, tricycles, motos et autres moyens de locomotion qui l’empruntent, cette route est devenue un mouroir. Et, tout le long du parcours, le nombre d’accidents quotidiens au cours desquels des piétons et cyclistes sont percutés dans les localités riveraines est toujours plus élevé du fait de la densification croissante de la circulation.

Depuis dimanche, les débats tournent autour des causes de cet accident et des responsabilités des différents acteurs de la filière des transports. Mais après le point fait par le gouvernement, quelques observations s’imposent.

La route inter-Etats numéro 2 qui relie Cotonou à Malanville traverse le Bénin du nord au sud soit sur une distance de plus de 700 kilomètres. Cela fait d’elle la plus longue, mais aussi celle par laquelle sont transportées le plus de marchandises. En effet, la quasi-totalité des importations à destination du Niger voisin transitent par cette voie. Il arrive même que les camions se rendant au nord Nigéria l’empruntent pour des raisons de sécurité, de même que des véhicules à destination de l’est du Burkina Faso qui bifurquent à Dassa-Zoumé, ainsi que ceux se rendant dans le nord-est du Mali. Dans le même temps, la croissance démographique rend de plus en plus la circulation difficile, les villages traversés étant désormais très peuplés. Dans ce contexte, une route à double chaussée tout le long du tronçon aurait été indiquée pour éviter les collisions comme dans le cas de l’accident de Dassa.

La responsabilité des conducteurs

La liste des accidents impliquant les bus ne fait que s’allonger à mesure que passent les années. Et pourtant, depuis la disparition du train à la fin des années 1980, les taxis qui concurrençaient les rails ont vite fait de quasiment disparaître au profit des autocars. Une disparition qui s’expliquait par la confiance que les voyageurs plaçaient dans les bus.

En effet, plus équilibrés, ces moyens de locomotion étaient rarement victimes d’accidents, étant conduits par des chauffeurs bien expérimentés. Avec la multiplication des sociétés de transport, la confiance des usagers a commencé par diminuer, ce qui se justifie par le nombre croissant d’accidents. Dans la plupart des cas, la cause d’accident est humaine. Soit le conducteur s’endort au volant soit il est distrait par le téléphone. Parfois ce sont aussi les mauvaises manœuvres qui provoquent les collisions. Les chauffeurs traversant le Bénin du nord au sud sont particulièrement réputés pour leur excès de vitesse. Ils ont gagné la réputation de conducteur manquant de respect pour la vie des autres usagers de la route.

Toute cette situation pose la question de la qualification des conducteurs. Généralement, ces derniers bénéficient d’une grande liberté n’étant pas souvent contrôlés par la police. Mais, avec les accidents à foison, cet état de grâce pourrait bien prendre fin surtout que de plus en plus de passagers y perdent la vie. En plus des chauffeurs, les propriétaires des sociétés de transport sont eux aussi fautifs. En effet, plusieurs bus sont de vieux véhicules qui sont bons pour la casse en Europe. Ils sont importés à bas prix, retapés et repeints ce qui leur donne un air de neuf. Mais très tôt, ils révèlent leur véritable état une fois mis sur les routes béninoises.

A l’arrivée des bus dans l’arène des taxis, il était possible de traverser la plupart des villages jalonnant le trajet du nord au sud mais avec le temps et la croissance démographique, les routes sont devenues encombrées. Outre la population qui a augmenté, le nombre de véhicules en circulation a lui aussi connu une explosion exponentielle. Et tant que les routes desservant les principales villes resteront dans l’état actuel, faire changer de direction à la courbe des accidents serait un défi quasi impossible à relever.

Projet de rénovation et d’extension des rails, une urgence  

Dans le but de fluidifier le transport des marchandises, le projet de rénovation et d’extension des rails était sur la table jusqu’à un passé récent. Si ce projet n’est pas abandonné, il a connu un arrêt bien préjudiciable. Il était prévu que les conteneurs et autres chargements à destination de Niamey au Niger soient directement chargés sur le train, ce qui devrait permettre de libérer la route et ainsi sécuriser les populations.

L’Etat et les moyens

Pour protéger les riverains et les usagers de cette route, il est également indispensable que tous les services de l’Etat en charge de la protection soient en état de fonctionner, en particulier que la police soit suffisamment outillée pour les contrôles de sécurité et que les sapeurs-pompiers soient dotés d’équipements fonctionnel.  Et il urge que les décisions prises en Conseil des Ministres pour combattre le mal à savoir : la nécessité de renforcer les mesures de sécurité routière et d’accélérer les réformes en cours dans le sous-secteur du transport routier, notamment : la professionnalisation du métier de transporteur ;  la règlementation sur la qualité du parc automobile avec des véhicules répondant aux normes ; la transmission à l’Assemblée nationale, dès l’installation de la 9ème législature, du projet du nouveau code déjà examiné par le Gouvernement ; l’adoption prochaine de la politique nationale de sécurité routière soient vite mises en pratique.

Pierre MATCHOUDO

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