A l’approche des élections générales de 2026 : Le silence énigmatique de Boni Yayi

 A l’approche des élections générales de 2026 : Le silence énigmatique de Boni Yayi

Depuis plusieurs mois, l’ancien président du Bénin, Boni Yayi, brille par son absence de la scène publique. Celui qui, ces dernières années, avait habitué les Béninois à des apparitions régulières, à des descentes de terrain et à des visites fortement médiatisées, semble aujourd’hui avoir choisi un silence aussi profond qu’inattendu. Ce changement est d’autant plus énigmatique qu’il survient à l’approche d’une échéance cruciale : l’élection présidentielle de 2026.

Dans les rues de Cotonou, les spéculations vont bon train. « Il prépare quelque chose », pensent certains. « Il n’est pas au pays », murmurent d’autres. Ce silence, pour beaucoup d’observateurs, contraste radicalement avec l’hyperactivité de ces dernières années. On se souvient encore de ses nombreuses visites aux figures de l’opposition, de ses rassemblements à travers le pays, et de ses messages enflammés contre le régime en place. Chacune de ses sorties drainait une foule importante, créant une atmosphère proche d’une pré-campagne électorale.

C’est donc tout naturellement que les Béninois s’attendaient à voir Yayi Boni prendre une part active dans les préparatifs de l’élection présidentielle de 2026. D’autant plus qu’il est aujourd’hui le président du parti d’opposition Les Démocrates. Or, à moins d’un an du scrutin, aucune déclaration officielle de sa part, aucun déplacement, aucun soutien public à un éventuel candidat n’ont été enregistrés.

Le premier point d’interrogation reste le choix du candidat des Démocrates. Plusieurs noms circulent, mais aucun n’a encore été adoubé par l’ancien président. Cette absence de signal renforce les divisions internes et fragilise les stratégies du parti. Yayi Boni, en tant que figure morale et fondateur du parti, est attendu sur ce terrain. Son silence pourrait signifier une difficulté à fédérer autour d’un nom, ou pire, une désillusion face à l’état actuel du parti.

D’autres analystes voient dans ce silence une stratégie de communication bien pensée. En se retirant momentanément, Yayi Boni éviterait l’usure médiatique et reviendrait au moment opportun, renforcé par l’attente qu’il aura suscitée. Une stratégie déjà observée dans d’autres contextes politiques, où l’absence devient une forme de présence, notamment avec l’ancien président Mathieu Kérékou.

Mais cette hypothèse ne convainc pas tout le monde. Pour certains proches de l’ancien président, ce silence serait plutôt le signe d’un retrait progressif de la vie politique. À 73 ans, après avoir dirigé le pays pendant dix ans et joué les premiers rôles dans l’opposition pendant plusieurs autres années, Boni Yayi envisagerait peut-être une transition plus discrète, loin des projecteurs.

Reste à savoir ce que cela signifierait pour le parti Les Démocrates et pour l’opposition béninoise dans son ensemble. Sans sa figure tutélaire, la coalition anti-Talon risque de se fragmenter davantage. Et si Yayi Boni devait annoncer son retrait officiel, il faudra rapidement combler le vide stratégique qu’il laissera.

En attendant, le silence persiste. Un silence qui, à mesure que l’échéance électorale approche, devient de plus en plus bruyant. Le peuple béninois, habitué aux prises de parole directes et aux interventions spectaculaires de l’ancien président, guette une déclaration, un geste, un signe. Le silence de Yayi Boni n’est pas seulement politique, il est aussi profondément symbolique. Et c’est peut-être là que réside toute son énigme.

Damien TOLOMISSI

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