50 ans de CEDEAO : Les critiques et espoirs du Bénin

 50 ans de CEDEAO : Les critiques et espoirs du Bénin

À l’occasion du cinquantenaire de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Bénin a exprimé ses frustrations quant au fonctionnement de l’organisation. Par la voix de son ministre des Affaires Étrangères, Olushegun Adjadi Bakari, le pays a pointé du doigt les insuffisances et les défis persistants, tout en réaffirmant son attachement à l’intégration régionale. 

Créée en 1975, la CEDEAO avait pour ambition de favoriser la coopération économique, la stabilité politique et le développement harmonieux entre ses 15 États membres. Mais après cinq décennies, le constat du Bénin est sans appel : les promesses ne sont pas toutes tenues.  « La CEDEAO a été créée avec une promesse : celle d’une entraide mutuelle, d’un développement équilibré et d’une répartition juste des richesses. Mais aujourd’hui, nous devons nous demander : avons-nous réellement atteint ces objectifs ? », s’interroge Olushegun Adjadi Bakari. 

Le ministre a notamment souligné le manque de réciprocité entre les États membres. Alors que certains pays abritent des institutions majeures de la CEDEAO (comme le siège à Abuja, la Banque d’Investissement à Lomé ou l’Autorité du Bassin du Niger à Niamey), le Bénin, lui, reste le grand absent. « Nous sommes comme le parent pauvre de l’organisation », déplore-t-il. 

Malgré ces critiques, le Bénin réaffirme son engagement envers la CEDEAO. « Notre pays a toujours soutenu l’intégration régionale et croit en cette communauté », rappelle  le ministre béninois des Affaires Étrangères. Cependant, les Béninois peinent à percevoir les bénéfices concrets de leur appartenance à l’organisation.  Cette frustration s’explique en partie par le faible retour sur investissement. Malgré sa contribution financière et son rôle actif dans les missions de paix (comme au Mali ou en Gambie), le Bénin estime ne pas recevoir une contrepartie équitable. 

Face à ce constat, le gouvernement béninois plaide pour une évaluation rigoureuse des 50 années d’existence de la CEDEAO. « Si nous ne faisons pas ce bilan maintenant, ceux qui voudront jeter le bébé avec l’eau du bain finiront par l’emporter », met en garde Olushegun Bakari. 

Parmi les pistes d’amélioration suggérées : Une meilleure répartition des institutions régionales* pour éviter les déséquilibres entre États ;   Une solidarité économique renforcée, notamment envers les pays les moins industrialisés ; Une transparence accrue dans la gestion des projets communautaires. 

Quel avenir pour la CEDEAO ? 

Les critiques du Bénin rejoignent un débat plus large sur l’efficacité des organisations régionales africaines. Entre défis sécuritaires (terrorisme au Sahel), crises politiques (coups d’État récurrents) et inégalités économiques, la CEDEAO doit se réinventer pour rester pertinente. Le cinquantenaire pourrait ainsi marquer un tournant. Plutôt qu’une simple célébration, ce devrait être l’occasion de réformes profondes. Comme le souligne le ministre béninois, « l’intégration ne doit pas être un slogan, mais une réalité tangible pour tous les citoyens ».  Si le Bénin reste fidèle à la CEDEAO, son appel à plus d’équité et d’efficacité reflète une attente partagée par plusieurs États membres. Les prochaines années seront décisives pour prouver que l’organisation peut réellement tenir ses promesses. 

Arnaud ACAKPO (Coll)

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